26 juillet 1895 à Sancerre (Cher) – mort le 11 juin 1944 à Alençon (Orne).
Romain Darchy est le fils de Pierre Frédéric Darchy, maçon, et de Marie Emma Berneau, épicière[1]. Il fait sa scolarité chez les Frères des écoles chrétiennes à Sancerre puis à Montluçon et Orléans. En septembre 1912, il travaille comme second clerc dans l’étude notariale de son village natal. Avant-guerre, il est secrétaire du patronage Notre-Dame de Sancerre et joue du tuba dans la fanfare municipale[2]. C’est également un fervent royaliste, « dévoué ligueur de la section berrichonne »[3]. Il utilise son alias « Romain Maurice » pour son militantisme au sein de l’AF. Le 19 décembre 1914, il est incorporé au 27ème RI puis passe au 408ème RI le 1er avril 1915. Pendant quatre ans, il combat dans la Somme, l’Oise, l’Aisne et la Marne. Le 7 mars 1916, il est pris dans un éboulement et enterré pendant sept heures ; il parvient à se dégager lui-même ce qui lui vaut une citation le 3 avril 1916 : « Agent de liaison particulièrement méritant, a fait preuve pendant les affaires du 4 au 11 mars 1916 d’une bravoure et d’une énergie exceptionnelle. Enseveli seul sous un abri où il s’était réfugié momentanément pendant une rafale d’obus est parvenu à se dégager, continuant immédiatement l’exécution de sa mission périlleuse et refusant de prendre le moindre repos ». Ce premier fait d’armes lui vaut la croix de guerre et la médaille militaire. Quelques jours après, il est blessé dans la nuit du 11 au 12 mars, au fort de Vaux, d’un éclat d’obus au bras droit. Sa blessure le contraint à être hospitalisé à Beaulieu-sur-Mer, près de Nice puis cité à l’ordre de l’armée le 3 avril 1916 : « Plaie par éclat d’obus entré au milieu du bord externe du biceps. Extrait à la partie inférieure du biceps à deux travers de doigt au-dessus du pli du coude »[4]. En décembre 1916, il est promu caporal puis passe les grades de sergent en janvier 1917 puis celui d’aspirant au mois de février. Le 31 août, il est cité à l’ordre du régiment : « Chef de section énergique et brave, le 15 août 1917 au cours d’une attaque allemande, a su par son … et son sang-froid maintenir sa section en place, empêchant par son feu une attaque allemande de sortir de ses lignes »[5]. Le 28 mars 1918, il est cité à l’ordre du corps d’armée : « Le … mars 1918, son chef de peloton, ayant été blessé, a pris résolument le commandement dans un instant critique, par son exemple du calme absolu, a maintenu le moral de ses hommes et repoussé l’ennemi qui tentait d’aborder nos lignes, dans un coup de main ». Le 15 juillet 1918, il est intoxiqué par les gaz au bois d’Eclisse et fait prisonnier. Il est alors interné à Rastatt, Giessen et Meschede jusqu’à l’armistice. Finalement, Maurice Darchy est rapatrié le 5 décembre. En mars 1919, il est promu lieutenant de réserve. Il conclue la Première Guerre mondiale décoré de la croix de guerre avec palme, étoile de bronze et étoile de vermeil. Devenu clerc de notaire, il se marie à Sancerre, le 23 août 1920 avec Alice Jeanne Florentine Méchin, sans profession, dont il a deux filles et un garçon[6]. Souffrant toujours des séquelles de son intoxication aux gaz, il est proposé pour la mise hors cadres et l’attribution d’une pension temporaire de 10% par la commission de réforme de Versailles le 5 octobre 1927. Le rapport médical indique qu’il est atteint de troubles dyspeptiques caractérisés par une douleur au creux épigastrique, une alternance de diarrhée et de constipation et présente un teint subictérique. De 1928 à 1933, il travaille au service contentieux du grand magasin parisien « Le Bon Marché ». Le 2 janvier 1928, il est décoré chevalier de la Légion d’honneur dans la cours des Invalides[7]. Le 1er juin suivant, son état de santé dégradé lui permet d’être mis en non disponibilité pour infirmités temporaires. En octobre 1929, il est maintenu hors cadres en raison des symptômes suivants : dyspepsie sensitivo-motrice, ventre dur, ballonné et difficile à palper. En juin 1932, il est réintégré dans les cadres de l’armée. En 1933, Romain Darchy devient huissier de justice à L’Aigle (Orne) où il s’installe avec sa famille. Il y créé la section locale des médaillés militaires. Pendant l’entre-deux-guerres, Maurice Darchy reste un soutien fidèle de l’AF et souscrit régulièrement au journal auquel il adresse notamment soixante francs en avril 1933[8]. En mai 1935, il est élu conseiller municipal sur la liste d’Union Républicaine[9]. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est promu lieutenant et placé à la tête d’une section de pionniers du 102ème RI. En janvier 1940, il prend le commandement d’une compagnie de fusiliers-voltigeurs sur la ligne Maginot. Romain Darchy s’illustre au combat et fait l’objet d’une citation à l’ordre de la division : « Commandant de compagnie remarquable par son calme et son sang-froid. Le 13 avril 1940, son sous-quartier ayant été l’objet d’un violent bombardement, a su par son exemple, inspirer confiance à tous. Un de ses points d’appui ayant été violemment attaqué et ayant subi de lourdes pertes, a pris aussitôt l’attaque repoussée, de judicieuses dispositions pour le remettre en état de défense »[10]. Promu capitaine à la suite de ce faits d’armes, il est forcé au repli par la progression des troupes allemandes. Romain Darchy est ensuite évacué vers Paris en raison d’une appendicite aigüe déclenchée le 24 mai. Le 11 juin, il rentre à Sancerre pour échapper à la captivité puis revient dans son foyer, à l’Aigle, durant l’été. Son épouse le dissuade de rejoindre la résistance à Londres mais il adhère au réseau Organisation civile et militaire en 1943. Le bureau des opérations aériennes pour le secteur l’Aigle-Mortagne lui est confié et il adopte le pseudonyme de « Noël ». En janvier 1944, il devint chef départemental de l’Armée secrète dans l’Orne. Le 5 février, il est arrêté à son domicile par la police allemande et transféré à la caserne Bonet à Alençon (Orne) avant d’être enfermer à la prison du château des Ducs. Là-bas, il est torturé et assassiné le 11 juin 1944. Son corps n’est jamais retrouvé. La médaille de la Résistance avec rosette lui est décernée à titre posthume en avril 1946. L’année suivante, une plaque commémorative est apposée dans la salle du conseil municipal de l’Aigle et son nom est donné à une rue de la ville en 1949. En 2012, sa petite fille Véronique Onfray fait éditer Récits de guerre, récit autobiographique de son expérience de Poilu pendant la Grande Guerre[11].
[1] Acte de naissance n°22 de Romain André Darchy du registre des naissances de l’année 1895 de Sancerre, Archives départementales du Cher, 3 E 5695.
[2] Notice DARCHY Romain par Jean-Pierre Ravery, version mise en ligne le 29 juillet 2019 [consulté le 14 janvier 2025]. Disponible sur : https://maitron.fr/spip.php?article218208
[3] L’Action française, 1er septembre 1916.
[4] L’Action française, 19 avril 1916.
[5] Registre matricule de la classe 1915 du n°1418 au n°1708 de Bourges-Cosne, Archives départementales du Cher, 2 R 733.
[6] Acte de mariage n°23 de Romain André Darchy et Alice Jeanne Florentine Méchin du registre des mariages de l’année 1920 de Sancerre, Archives départementales du Cher, 3E 6839.
[7] Archives nationales, base de données Léonore, dossier Légion d’honneur (c-100516).
[8] L’Action française,19 avril 1933, p. 2.
[9] L’Ouest-Éclair, 13 mai 1935, p. 4.
[10] La Dépêche du Berry, 20 mai 1940, p. 3.
[11] « Soldat puis résistant : les deux guerres de Romain Darchy », Ouest-France, version mise en ligne le 10 décembre 2012 [consulté le 14 janvier 2025]. Disponible sur : https://www.ouest-france.fr/normandie/orne/soldat-puis-resistant-les-2-guerres-de-romain-darchy-1116836