30 janvier 1894 à Genève en Suisse – mort pour la France le 24 août 1944 à Toulon (Var).
Emmanuel Audisio est le fils aîné d’une famille d’artistes dont le père est Victor Pierre Joseph Audisio et la mère Claire Violette Euphémie Bosse. Son père dirige notamment le théâtre de Chalon-sur-Saône en 1904 et celui de Dijon en 1905[1]. En 1910, Victor Audisio chapeaute l’opéra d’Alger puis se voit confier l’opéra municipal de Marseille en 1916. Emmanuel Audisio est le petit-fils de Carlotta Bosse dite Bossi, professeur de chant. Il fait une partie de sa scolarité au lycée de Montpellier et est reçu bachelier ès sciences en juillet 1909[2]. Il aurait été élève pendant cinq ans au lycée Carnot ou au Conservatoire[3] et même élève à l’institut français de Florence[4]. Le 31 août 1914, il s’engage volontairement au 13ème RA où il passe les grades de sergent le 11 octobre et de maréchal des logis le 28 novembre. Il est cité à l’ordre de la 3ème division coloniale le 20 octobre 1915 : « Engagé pour la durée de la guerre, bien que non appelé, versé dans un parc d’artillerie, a demandé à passer dans une batterie sur le front où il n’a cessé de s’offrir comme observateur avancé. En cette qualité, a rendu les plus grands services pendant l’attaque du 25 septembre et des jours suivants, et a fait preuve d’un grand mépris du danger, en réparant lui-même la ligne téléphonique sous un bombardement incessant d’obus de gros calibre ». Considéré comme un métèque par L’Action française, le journal royaliste salue à cinq reprises les faits d’armes de ce jeune Français naturalisé à sa majorité[5]. Le 3 novembre 1915, il est incorporé au 122ème RI comme sous-lieutenant de réserve à titre temporaire. Sur le champ de bataille, il est légèrement blessé par un éclat d’obus dans la région nasale gauche le 20 mars 1916, lui valant une citation à l’ordre du 122ème RI le 5 avril 1916 : « Jeune officier, engagé pour la durée de la guerre, toujours volontaire pour les missions périlleuses et délicates. Le 20 mars 1916, au moment où un violent bombardement éclatait sur une fraction de son peloton au travail, s’est aussitôt porté auprès des hommes, les a fait abriter et, n’ayant plus de place sous l’abri, est resté cependant auprès d’eux. A été légèrement blessé par une bombe qui a éclaté à ses pieds »[6]. Le 1er juin suivant, il est de nouveau blessé superficiellement au nez. Le 27 juillet, il est promu sous-lieutenant à titre définitif et affecté au 96ème RI le 1er septembre. Emmanuel Audisio est cité à l’ordre de la division le 4 octobre 1916 : « Jeune officier de renseignement, intelligent et enthousiaste, qui a montré une inlassable et enthousiaste, qui a montré une inlassable activité de jour comme de nuit, dans la reconnaissance du secteur du régiment du 1er au 14 août 1916 »[7]. Le 16 mars 1917, il est touché au bras droit par ricochet d’un projectile. Le 26 avril, il est plus sérieusement blessé dans la région lombaire droite par un éclat d’obus et souffre d’une déchirure du tympan droit. Il est alors soigné à l’hôpital 108, à Marseille[8]. Rétabli, il est nommé lieutenant le 3 novembre 1917 au 141ème RI[9]. Emmanuel Audisio conclue la Première Guerre mondiale décoré de la croix de guerre avec deux étoiles d’argent, une étoile de bronze et une palme, du grade de chevalier de la Légion d’honneur et d’une quatrième citation à l’ordre du jour de l’armée le 22 mai 1919 : « Brillant officier d’un courage légendaire, d’une activité inlassable cherchant toutes les occasions de se distinguer »[10]. Il reçoit aussi l’insigne Fatiche di guerra (en français « efforts de guerre ») de l’armée italienne et participe à la campagne en Haute-Silésie du 13 novembre 1920 et 1er juillet 1922. Il démissionne de l’armée active en mai 1924 et bascule dans la réserve. Vers 1925 il s’installe à Rome et dirige Rassegna economica italo-francese, une revue mensuelle traitant des problèmes économiques et commerciaux franco-italiens. En 1929, il est nommé délégué de la Société des auteurs. Pendant l’entre-deux-guerres, il est un collaborateur assidu pour de nombreux journaux dont La Journée industrielle, L’Europe nouvelle, Le Petit Journal et L’Européen. Sa collaboration la plus longue et la plus remarquable est sans nul doute avec le journal Comœdia auquel il envoie ses chroniques sur le mouvement des lettres et des arts italiens[11]. En parallèle, il traduit un certain nombre d’ouvrages italiens édités en France. En 1930, Emmanuel Audisio fait part de sa sympathie pour le fascisme italien lorsque Marinetti est décoré chevalier de la Légion d’honneur[12]. En Italie, il épouse une femme dénommée Castrica et devient le père d’un fils baptisé Charles Lucien Gabriel Audisio en septembre 1929. En décembre 1932, le Comité d’entente économique France-Italie le désigne correspondant pour l’Italie[13]. Le 15 décembre 1938, lui et son fils sont expulsés d’Italie par le gouvernement italien. La presse française apporte son soutien à Emmanuel Audisio qui était le représentant de deux sociétés françaises d’auteurs et de compositeurs dramatiques depuis dix ans. En représailles, le gouvernement français expulse Hugo Chéraldi, représentant à Paris de la Société des auteurs dramatiques italiens, et le directeur du journal fasciste Italia Nuova[14]. Son épouse les rejoint le 7 février mais pleure le décès de son père italien, Eleuterio Castrica, mort d’une crise cardiaque quatre jours plus tard, à Rome[15]. En août 1939, il est rappelé à l’activité et affecté au 85ème BAF puis nommé commandant du 75ème BAF. Le 29 novembre 1939, il est admis dans un hôpital auxiliaire à Cannes du fait d’une sinusite. Emmanuel Audisio meurt pour la France le 24 août 1944 lors de la libération de Toulon. Bien qu’enregistré comme victime civile, l’hypothèse d’une appartenance aux Forces françaises de l’intérieur n’est pas exclue[16].
[1] Le Courrier de Saône-et-Loire, 25 janvier 1916.
[2] La Vie montpelliéraine, 25 juillet 1909, p. 8.
[3] Le Progrès de la Côte-d’Or, 24 janvier 1916.
[4] L’Action française, 10 janvier 1916.
[5] L’Action française, 10 janvier 1916.
[6] L’Action française, 20 avril 1916.
[7] L’Action française, 21 janvier 1917.
[8] L’Action française, 19 juillet 1917.
[9] Registre matricule de la classe 1915 du n°1 au n°500 du 6ème bureau de la Seine, Archives de Paris, D4R1 1884.
[10] L’Action française, 21 juin 1920.
[11] Comœdia, 3 novembre 1925.
[12] Carnet de la Semaine, 31 août 1930, p. 18.
[13] L’Italie nouvelle, 3 décembre 1932, p. 7.
[14] Excelsior, 22 décembre 1938.
[15] La Journée industrielle, 19 février 1939.
[16] Notice AUDISIO Emmanuel par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 20 octobre 2021 [consulté le 17 décembre 2024]. Disponible sur : https://maitron.fr/spip.php?article243243