7 juin 1867 dans le 9ème arrondissement de Paris – mort le 20 juin 1939 dans le 7ème arrondissement de Paris.
Ferdinand Beau est le fils de Jean Charles Amédée Beau, notaire, et membre du conseil général de l’Orne, et de Louise Augustine Zélie Froger Deschesnes, sans profession[1]. Son père devient député représentant de l’Orne entre 1871 et 1876. En juin 1886, Ferdinand Beau adresse ses hommages au comte de Paris après l’annonce de son nouvel exil prononcé par l’Assemblée nationale[2]. Le 29 octobre suivant, le jeune homme est reçu à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr et s’engage volontairement dans l’armée pour cinq ans. Deux ans plus tard, il est nommé sous-lieutenant au 22ème RI puis bascule au 9ème RC le 17 septembre 1889 avant de démissionner de l’armée active pour s’adonner aux loisirs du Tout-Paris. En janvier 1893, il est admis au cercle de l’Union artistique[3]. Deux ans après, il devient membre du cercle vélocipédique l’Omnium[4]. En 1895, il s’engage au sein du bureau du groupe de la Jeunesse royaliste du 16ème arrondissement de Paris, présidé par le comte de Failly[5]. Sur le plan militaire, il est promu lieutenant de réserve au 12ème RH le 23 octobre 1896 puis transféré à l’escadron territorial de cavalerie légère de la 4ème région le 30 décembre 1899. Vers 1900, il entre à la Société historique et archéologique de l’Orne. En 1901, Ferdinand Beau persiste dans son engagement royaliste en rejoignant le comité royaliste de l’Œillet blanc. Le 10 juillet 1905, il épouse Augustine Germaine Adeline, sœur de la vicomtesse Jacques de Perthuis, dans le 8ème arrondissement de Paris[6]. Le 21 octobre 1906, Ferdinand Beau, devenu maire de Tubeuf et président de la section d’AF de l’Orne, organise une réunion d’AF à Alençon, rassemblant plusieurs centaines de participants pour écouter le comte Eugène de Lur-Saluces[7]. Le 21 octobre 1911, il est affecté au service des chemins de fer et des étapes de la 2ème région puis promu au grade de capitaine le 2 avril 1912. Lors de la mobilisation générale, il est désigné comme adjoint au commandant d’étapes de la 5ème armée le 2 août 1914. Le 30 mars 1915, il est nommé officier d’état-major à la 31ème brigade d’infanterie divisionnaire. La même année, il reçoit sa première citation à l’ordre du jour : « Officier de cavalerie démissionnaire, capitaine de territoriale, affecté dès le début de la mobilisation au commandant d’étapes de la gare régulatrice de la …ème armée, a été désigné, sur sa demande, pour l’état-major d’une brigade active sur le front. Arrivé à la …ème brigade le 2 avril 1915, n’a pas cessé de rechercher les missions les plus dangereuses. A fait preuve, comme agent de liaison, au cours des attaques du mois d’avril à …, de beaucoup d’allant, de sang-froid et de courage. Se rend chaque jour dans les tranchées les plus avancées, où sa belle attitude et sa sollicitude pour le soldat produisent la meilleure impression sur la ligne de feu »[8]. En 1916, il reçoit la Légion d’honneur libellée dans les termes suivants : « Officier de cavalerie démissionnaire, appartenant à l’armée territoriale et affecté au service des étapes, a demandé à venir sur le front, où il est arrivé le 2 avril 1915. Depuis lors, il s’est multiplié pour remplir les missions les plus périlleuses. D’une bravoure exemplaire, il en a donné de nouvelles preuves au cours des combats du 24 au 28 février 1916 »[9]. En juin 1917, il est promu capitaine de cavalerie adjoint au lieutenant-colonel commandant le 139ème RI, puis chef d’escadrons adjoint au lieutenant-colonel au mois de décembre. Le 4 juin 1918, il est évacué blessé[10]. Après la Première guerre mondiale, il est nommé délégué régional pour la 2ème zone, couvrant le nord-ouest du territoire, en décembre 1919[11]. Pendant tout l’entre-deux-guerres, il encadre les forces militantes de sa région et préside avec assiduité les réunions. Il acquière une certaine notoriété lors d’une réunion donnée par la section d’AF de Montmorency (Val-d’Oise) le 28 avril 1927 dans la salle de l’hôtel de France. Après les discours des orateurs Jean Gazave et du docteur Guérin, des groupes communistes réunis dans un café voisin tendent un piège aux militants royaliste après la sortie du public[12]. Une bagarre oppose une trentaine de royalistes contre des communistes supérieurs en nombre près de la statue de Jean-Jacques Rousseau. Après cette première escarmouche, les royalistes de dispersent. Les communistes pourchassent un groupe engagé dans une avenue obscure escortant quelques femmes[13]. Les militants s’affrontent en se lançant des bouteilles, des pierres et des poubelles. Les ligueurs reculent jusqu’à la rue Gréty où se trouve un poste de police malheureusement fermé. Les communistes dégainent leurs armes et tirent sur les royalistes. Paul Gorion, ligueur de Groslay, a le pied traversé par une balle. Miguel Rivas, président de la section d’AF d’Enghien, est atteint au bras gauche. Les ligueurs d’AF ripostent à leur tour en sortant leurs pistolets. Les royalistes pénètrent dans la rue Renaud où une balle atteint le commandant Beau à la cuisse gauche. Un des Camelots du Roi brise un réverbère d’un coup de pistolet pour empêcher les communistes de viser. Finalement, ils trouvent refuge chez Edmond Chaboche, président de la section locale, et se barricadent tandis que les agresseurs tentant de forcer le portail de la maison. Au moins trois communistes sont blessés par balle lors de l’affrontement[14]. Un agent de police dénommé Roger Deliot est touché[15]. Le lendemain, le commandant Beau est conduit à l’hôpital Laënnec à Paris par le docteur Guérin. Une rumeur circule même dans la presse l’annonçant comme décédé des suites de ses blessures[16]. Les gardiens de la paix et les communistes soutiennent que les militants royalistes auraient tiré en premier tandis que l’AF accuse les communistes et les policiers de complicité dans ce qui est dénoncé comme un vrai « guet-apens ». L’événement suscite quelques articles dans la presse mais n’a pas autant de résonnance que les morts de la rue Damrémont[17]. Suite à cela, le commandant Beau bénéficie d’une notoriété accrue en ayant survécu à cette fusillade. Le 26 novembre 1927, lors du banquet du 14ème congrès d’AF, le commandant Beau lève son verre et déclare : « Je bois au Roi, je bois à l’AF dont je suis ligueur depuis sa fondation et à laquelle je resterai fidèle jusqu’à la mort »[18]. Le lendemain, il assiste à l’inauguration du monument d’Ernest Berger au cimetière de Vaugirard[19]. Le 17 février 1928, le tribunal correctionnel de Pontoise condamne le docteur Guérin et le père de Paul Gorion a une cinquante francs d’amende pour port d’armes prohibés dans l’affaire du guet-apens de Montmorency. Un jeune communiste écope d’une amende de vingt-cinq francs pour le même motif. Scandalisé par le verdict, le commandant Beau intente une action civile contre la commune de Montmorency, accusée d’être responsable de sa blessure par suite de l’incurie de la police municipale[20]. Le 21 janvier 1936, il assiste à la messe pour Louis XVI à Saint-Germain-l’Auxerrois[21]. Ferdinand Beau s’éteint le 20 juin 1939 dans le 7ème arrondissement de Paris[22].
[1] Acte de naissance n°992 de Ferdinand Beau du registre des naissances de l’année 1867 du 9ème arrondissement de Paris, Archives de Paris, V4E 1033.
[2] La Gazette, 27 juin 1886, p. 3.
[3] Le Gaulois, 12 janvier 1893.
[4] Le Journal, 14 mars 1895.
[5] Le Figaro, 5 décembre 1895.
[6] Acte de mariage n°652 de Ferdinand Beau et Augustine Germaine Adeline du registre des mariages de l’année 1905 du 8ème arrondissement de Paris, Archives de Paris, 8M 180.
[7] L’Action française, 23 octobre 1906.
[8] L’Action française, 12 octobre 1915.
[9] L’Action française, 11 juin 1916.
[10] Registre matricule de la classe 1885 du n°500 au n°990 d’Alençon, Archives départementales de l’Orne, R1029.
[11] Il remplace le sénateur Paul Le Breton, décédé le 24 septembre 1915. L’Action française, 6 décembre 1919.
[12] Almanach de l’Action française, 1er janvier 1928, p. 272-275.
[13] Le Figaro, 14 décembre 2024.
[14] L’Œuvre, 30 avril 1927.
[15] Le Progrès de la Somme, 30 avril 1927.
[16] La Dépêche de Constantine, 1er mai 1927.
[17] Fusillade survenue dans la nuit du 23 au 24 avril 1925 dans le 18ème arrondissement de Paris, en marge d’une réunion électorale, où quatre militants nationalistes sont tués par des communistes.
[18] L’Action française, 27 novembre 1927.
[19] L’Action française, 28 novembre 1927.
[20] L’Action française, 18 février 1928.
[21] L’Action française, 22 janvier 1936.
[22] Excelsior, 22 juin 1939.