11 avril 1894 à Grand-Couronne (Seine-Maritime) – mort pour la France le 30 mars 1918 à Aubvillers (Somme).
Raymond Dégenétais est le fils d’Alphonse Louis Dégenétais, menuisier, et de Marie Clémentine Louise Rosalie Doré, sans profession1. Comptable de métier, il est incorporé au 11ème RC le 1er septembre 1914. Le 6 mars 1915, il est envoyé sur la ligne de front où il obtient ses galons de brigadier le 6 août suivant. Après quinze mois dans la cavalerie, il passe sur sa demande dans le 26ème BCP au mois d’avril 1916. Le caporal Dégenétais y reçoit sa première citation à l’ordre de la division le 16 juillet suivant : « Excellent gradé. Sous de violents bombardements répétés du 23 au 29 juin, a donné à ses hommes le plus bel exemple d’entrain et de courage en organisant une tranchée »2. Du 3 septembre au 19 octobre 1916, il est évacué vers l’arrière pour maladie. L’année suivante, il est promu sergent le 5 avril puis reçoit une nouvelle citation à l’ordre de la division le 13 novembre : « Excellent sous-officier, plein d’entrain et de bravoure. Le 31 octobre 1917, a pris part, comme volontaire à l’exécution d’un coup de main ; a pénétré dans les tranchées ennemies où il a mené un combat à la grenade ; a été blessé »3. Le 30 mars 1918, il est grièvement blessé sur le champ de bataille. Les conditions ne permettaient pas de le ramener au poste de secours, les Allemands ayant, ce jour-là, fait reculer les lignes françaises. L’Action française rapporte quelques détails élogieux probablement livrés par des camarades de combat : « La veille au soir, il était parti en patrouille prendre contact avec l’ennemi ; reçu à coups de fusil, il avait été touché à la poitrine, mais la balle ne fit que déchiqueter les papiers qu’il avait sur lui. Au petit jour, des colonnes allemandes se jetèrent avec furie sur le bataillon, qui les tint magnifiquement en échec jusque vers trois heures du soir. On le suit jusqu’à ce moment ! Les blessés qui arrivent au poste de secours ne tarissent pas sur son héroïsme. Dans la journée, il avait distribué à ses hommes les quelques objets qu’il portait, leur disant que, sans doute, « les Boches l’auraient aujourd’hui, mais qu’il leur ferait payer cher sa vie », et, de fait, comme il était un tireur de première force, il en descendit plus de vingt, au dire d’un officier qui observait à la jumelle le résultat de son tir. Quand le bataillon reçut enfin l’ordre de se replier, il n’était plus qu’avec ceux qui se reformèrent à l’arrière »4. Raymond Dégenétais succombe à ses blessures le jour même. Le 5 avril 1918, il est nommé sous-lieutenant à titre posthume et reçoit la croix de guerre avec deux étoiles d’argent5. Son corps est identifié l’année suivante après la retraite des Allemands6.
1 Acte de naissance n°18 de Raymond Alphonse Marie Dégenétais du registre des naissances de l’année 1894 de Grand-Couronne, Archives départementales de la Seine-Maritime, 4 E 11970.
2 L’Action française, 11 août 1916.
3 L’Action française, 30 mai 1918.
4 L’Action française, 3 septembre 1918.
5 Registre matricule de la classe 1914 du n°501 au n°1000 de Rouen Sud, Archives départementales de la Seine-Maritime, 1R3374.
6 L’Action française, 3 avril 1919.