24 juillet 1896 dans le 16ème arrondissement de Paris – mort le 11 décembre 1967 à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Fils d’un orfèvre ciseleur, René Dubreule est un jeune employé et ligueur du 15ème arrondissement de Paris quand la Grande Guerre éclate. Il est incorporé dans le 46ème RI le 12 avril 1915 et combat en première ligne[1]. Le 25 septembre 1916, il est grièvement blessé à l’avant-bras gauche, la cuisse droite et perd la vue de l’œil gauche à Bouchavesnes (Somme). Il garde à vie les reliquats d’une fracture du fémur droit par un éclat d’obus. Renvoyé à l’arrière, René Dubreule est décoré de la médaille militaire le 7 février 1918 et de la croix de guerre avec palme avec cette citation : « Brave soldat, d’un dévouement absolu. A été grièvement blessé, le 25 septembre 1916, à Bouchavesnes, en se portant résolument à l’attaque des positions ennemies. Perte de la vision de l’œil gauche »[2]. Le 21 février 1922, il épouse Germaine Mention dans le 16ème arrondissement de Paris dont il a cinq enfants[3]. En 1923, le couple s’installe au Havre où René Dubreule s’investit comme membre du bureau de l’Association des mutilés et combattants du Havre jusqu’en 1930. Il semble avoir maintenu des liens amicaux avec l’AF pendant l’entre-deux-guerres puisque lui et son épouse font part de la naissance de leur première fille Jacqueline en décembre 1923 dans les communications de la ligue d’AF[4]. Malheureusement, leur toute jeune fille décède l’année suivante. Le couple donne néanmoins naissance à quatre autres enfants. Il devient momentanément membre de la commission de contrôle des soins gratuits ainsi que des comités administratifs de révision des pensions. Dans les années 1930, il revient à la capitale dans le 19ème arrondissement de Paris et exerce comme industriel dans la fabrication brevetée d’articles de ménage et d’éclairage. En 1937, il est président du groupements des petits industriels et membre du comité directeur du groupement des classes moyennes[5]. À côté de son métier, il préside le groupe de Paris et de la Seine de l’Association des mutilés des yeux de 1935 à 1948 dont il devient secrétaire général de l’association en 1938. Une fonction qu’il quitta lorsqu’il fut définitivement aveugle après la Seconde Guerre mondiale[6]. Par ailleurs, il est rédacteur en chef du journal Le Mutilé des yeux et membre du bureau du périodique La Semaine du Combattant. Le 21 août 1938, il est fait chevalier de la Légion d’honneur et s’installe à Asnières en octobre 1939. Le 23 août 1948, il est élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur. Il est également nommé officier du mérite social. Avec l’appui de Jean Courtassol, chef adjoint au cabinet du secrétaire d’État au ravitaillement, les deux hommes publient La France blessée et renaissante[7]. Un exemplaire est même remis en mains propres au président de la République, Vincent Auriol[8]. Le livre se résume en un bilan de la France au sortir de la Seconde Guerre mondiale et sa place dans la construction d’une Europe fraternelle[9]. En 1955, il est secrétaire général de la banque française des yeux qui œuvre pour le développement de la chirurgie oculaire. Son dévouement auprès des mutilés est encore une fois salué lorsqu’il est nommé grand officier de la Légion d’honneur le 21 février 1959[10]. Il meurt le 11 décembre 1967. Sa dépouille est inhumée au cimetière de Montparnasse avec les honneurs militaires.
[1] Registre matricule de la classe 1916 du n°1001 au n°1500 de 2ème bureau de la Seine, Archives de Paris, D4R1 1909.
[2] L’Action française, 25 mars 1918.
[3] Acte de mariage n°295 de René Jacques Henri Dubreule et Germaine Mention du registre des mariages de l’année 1922 du 16ème arrondissement de Paris, Archives de Paris, 16 M 229.
[4] L’Action française, 26 décembre 1923.
[5] La République, 1er juillet 1937.
[6] Bulletin d’informations locales d’Asnières, n°51, février 1968.
[7] Jean Courtassol, René Dubreule, La France blessée et renaissante, Éditions du temps qui passe, 1950, 551 p.
[8] La Croix, 18 octobre 1950.
[9] La Bourgogne républicaine, 24 février 1951.
[10] Archives nationales, base de données Léonore, dossier Légion d’honneur (c-135757).