Monuments aux morts

Au frontispice du livre Les Morts de l’Action française (1921) figure une eau-forte représentant un monument aux morts dû au ciseau du sculpteur Maxime Réal del Sarte[1]. C’est à partir de ce croquis que le sculpteur royaliste exécute une plaque murale en forme de stèle ornant le salon de réception de la permanence des Camelots du Roi, 14, Rue de Rome dans le 8ème arrondissement de Paris comme l’atteste une photographie postérieure à mai 1925. Ce premier monument sert de modèle pour les sections désireuses « de graver dans une matière durable le nom sacré des héros tombés au champ d’honneur »[2]. Les intéressés sont sommés de s’adresser à M. Chatillon, 14, rue Boissonnade dans le 14ème arrondissement de Paris. L’Action française fait la publicité de l’œuvre, estimée à 400 francs, en ces termes :

« Cette stèle, en stuc durci, est patinée marbre et bronze. Elle mesure 1m68 de haut sur 1 mètre de large, de style Louis XVI, elle porte en fronton la couronne d’épine, symbole du sacrifice, unie à la couronne de laurier, symbole de la gloire. L’insigne de l’Action française — chêne et lys — sert de trait d’union entre ces deux symboles. Une riche décoration encadre la plaque réservée à l’inscription des noms, et le couplet héroïque du chant d’assaut des Camelots du Roi est harmonieusement gravé sur la base »[3].

Le 3 mai 1920, la section du 18ème arrondissement de Paris inaugure sa stèle commémorative en l’honneur des ligueurs et Camelots du Roi du 18ème arrondissement de Paris, morts pour la France au 71, rue du Mont-Cenis. Rémi Wasier prononce une conférence sur « Les morts du dix-huitième arrondissement » pour l’occasion. Des vers d’Octave de Barral et d’André d’Harmenon sont également récités[4]. Il n’existe aucune photographie de ce monument.

À Lyon, une stèle est inaugurée dans le local de l’Action française, 26, place Bellecour début 1920[5]. Une souscription est ouverte en décembre 1919 pour financer la stèle[6]. 127 noms y sont inscrits au total[7]. De nos jours, elle est conservée au sein de l’église Saint-Just dans la même ville.

À Nîmes, un cénotaphe de Maxime Réal del Sarte est élevé au cimetière Saint-Baudile (mur Est). 46 noms y sont inscrits. Le monument est inauguré par Maurras et béni par le cardinal Anatole de Cabrières[8] le 18 avril 1920[9]. L’événement fait l’objet d’un compte-rendu détaillé dans L’Action française[10] avant d’être repris plus tard dans Tombeaux[11]. Traditionnellement, le jour de la Toussaint, la section va fleurir la tombe[12]. En 1934, Auguste Héral, ligueur d’Action française, membre du Cercle Saint-Charles et conseiller municipal de Nîmes y serait également enterré[13].

À Amiens, une plaque commémorative est fixée le 21 novembre 1920 au 8, rue des Lombards dans la permanence à la mémoire de dix ligueurs du groupe[14]. Charles Boulenger, président du groupe d’action des jeunes, et Maurice Dupont, secrétaire régional de l’Action française pour la région du Nord, y prennent successivement la parole[15]. L’abbé Magnier, aumônier de Sainte-Clotilde, bénit la plaque[16].


[1] L’Action française, 21 mars 1920.

[2] Ibid., 24 février 1920.

[3] Ibid., 23 janvier 1920.

[4] Ibid., 3 mai 1920.

[5] Ibid., 5 janvier 1920.

[6] Ibid., 31 décembre 1919.

[7] Bernard Perratone y a été effacé. Il avait été porté disparu durant la Grande Guerre mais n’est pas mort durant le conflit.

[8] Anatole de Cabrières (1830-1921) est le dernier cardinal royaliste. Lire Gérard Cholvy, « Mgr de Cabrières et l’Action française », Études maurrassiennes, Aix-en-Provence, vol. 5, n°1,‎ 1986, p. 149-168.

[9] L’Action française, 2 novembre 1928.

[10] Ibid., 26 avril 1920.

[11] « La journée de Nîmes » dans C. Maurras, Tombeaux , Paris, Nouvelle librairie nationale, 1921, p. 291-301.

[12] L’Action française, 13 novembre 1932.

[13] Ibid., 10 novembre 1934.

[14] Ibid., 14 novembre 1920.

[15] Ibid., 30 novembre 1920.

[16] Ibid.