GIRONDE (Gaston de)


3 avril 1873 à Ferrensac (Lot-et-Garonne) – mort pour la France le 10 septembre 1914 à Vivières (Aisne).

Gaston De Gironde
© La Saint-Cyrienne

Le comte Gaston de Gironde est le neveu du comte Eugène de Lur-Saluces, délégué du duc d’Orléans pour le Sud-Ouest et président d’honneur de la ligue d’AF[1]. Après ses études, il se destine à une carrière militaire et intègre le 28ème RD le 16 novembre 1894. Le mois de mai suivant, il passe le grade de brigadier puis celui de maréchal des logis au mois de novembre 1895. Le 11 août 1897, il se réengage dans l’armée avec prime pour deux ans[2]. Le 11 juin 1899, la médaille d’argent de l’ordre de Sainte-Anne de Russie lui est décernée par décret. Le 20 septembre, il épouse Yvonne de Grateloup, fille du baron de Grateloup, intendant militaire, à Bordeaux[3]. À la fin de l’année 1899, il se réengage pour trois ans supplémentaires et intègre l’école militaire de cavalerie de Saumur entre octobre 1900 et septembre 1901. Après sa formation, il est élevé au grade de sous-lieutenant et incorporé au 16ème RD. En septembre 1903, il est promu lieutenant puis bascule dans l’armée territoriale fin 1907. Rappelé à son régiment de cavalerie au début de la guerre, il est tué à la tête de son escadron le 10 septembre 1914 à Vivières. Ce jour-là, Henri Calloc’h de Kérillis compte parmi la centaine de cavaliers de l’escadron de Gaston de Gironde. Il rapporte : « Le 10 septembre 1914, à une heure du matin, les dragons chargent : “Ils étaient serrés les uns sur les autres, la lance en avant. Le feu jetait des lueurs sur leurs casaques. On eût dit quelques fantasia prodigieuse. Ils semblaient terribles. […] Soudain, une mitrailleuse les prit à bout portant et la masse d’hommes se coucha comme par la faux. Gaudin de Villaine tomba le premier. Et puis Gironde” »[4]. Henri Calloc’h de Kérillis recueille son dernier souffle. Gaston de Gironde est fait capitaine à titre posthume et reçoit la Légion d’honneur ainsi que la croix de guerre assorties de cette citation : « Commandant un escadron envoyé en reconnaissance au milieu des lignes allemandes, fit, dans la nuit du 11 septembre 1914, une attaque héroïque contre un convoi automobile, porteur d’aéroplanes, qu’il détruisit. Fut mortellement blessé »[5]. Sa mort porte une dimension symbolique de par l’écart technologique flagrant entre la lance des dragons contre les avions et les mitrailleuses prusses contre lesquels ils chargent désespérément. La notoriété de Gaston de Gironde se fonde sur son baroud d’honneur dont l’académicien René Doumic relève le décalage : « Gironde et son second, Kérillis, vont lancer contre cette arme nouvelle[6], hérissée de mitrailleuses et de canons, cette cavalerie “qui brandit encore sa lance, un misérable morceau de bois long de trois mètres, comme il y a mille, ans, à l’époque des tournois” » [7]. En 1935, l’officier René Chambe consacre à Gaston de Gironde un livre intitulé L’escadron de Gironde, récompensé par l’Académie française.


[1] L’Action française, 3 octobre 1914.

[2] Registre matricule de la classe 1893 du n°501 au n°1000 de Marmande, Archives départementales du Lot-et-Garonne, 1 R 545.

[3] Le Matin, 22 septembre 1899, p. 4.

[4] L’Action française, 25 octobre 1921.

[5] Tableau d’honneur, morts pour la France : guerre de 1914-1918, Paris, Le Fare, 1921, p. 393.

[6] Les avions transportés par le convoi prusse.

[7] René Doumic, Rapport sur les concours littéraires, 19 décembre 1935 [consulté le 5 août 2024]. Disponible sur : https://www.academie-francaise.fr/

 


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