RÉAL DEL SARTE (Maxime)


2 mai 1888 dans le 17ème arrondissement de Paris – mort le 15 février 1954 au même endroit.

Maxime réal del sarte
© Henri Manuel

Maxime Réal del Sarte évolue dans une famille dont les parents sont artistes. Dès ses plus jeunes années, il défend avec vigueur sa foi catholique et ses opinions royalistes. Le 8 mai 1907, âgé de dix-neuf ans et élève de philosophie à l’externat de la rue de Madrid, il reçoit une contravention d’un franc pour la dégradation d’une couronne de fleurs de l’Association des libres penseurs de France déposée sur le socle de la statue de Jeanne d’Arc, devant l’église Saint-Augustin[1]. La couronne maçonnique était accompagnée d’un bandeau polémique : « À Jeanne d’Arc brûlée par les prêtres »[2]. Le jour de sa rentrée à l’école des Beaux-Arts, le 16 octobre 1908, Maxime Réal del Sarte pénètre dans la salle d’audience de la Cour de cassation, pendant le discours de rentrée du juge Alexis Ballot-Beaupré qui révisa le jugement d’Alfred Dreyfus, et interrompt le magistrat avec cette bravade : « Magistrats indignes et faussaires, il ne sera pas dit qu’un Français ne vous crachera pas au visage votre forfaiture et votre infamie ! ».Cet acte assied son autorité sur la toute jeune organisation des Camelots du Roi qu’il préside, et inaugure un enchaînement ininterrompu de bagarres et d’arrestations jusqu’à la Première Guerre mondiale. En tant qu’étudiant aux Beaux-Arts, Réal del Sarte s’oriente vers la sculpture « voyant dans la malléabilité du plâtre ou du bronze l’outil de représentation aux croyances politiques et religieuses qui l’habitent »[3]. Le début de sa vie, il la dédie à faire reconnaitre le culte de Jeanne d’Arc à la Troisième République. Le 2 décembre 1908, il administre en plein cours, une paire de gifles au professeur Amédée Thalamas, insulteur de Jeanne d’Arc[4]. Six jours plus tard, il est arrêté lors d’une manifestation en la mémoire de la mort de Gabriel Syveton, ancien député de la Seine, au cimetière Montparnasse[5]. Relâché quelques heures après, il est de nouveau arrêté le soir en protestant contre la pièce de théâtre Le Foyer d’Octave Mirbeau à la Comédie-Française et écope de quinze jours de prison et cinq francs d’amende pour outrages à agents et troubles[6]. Le jour de la Saint-Sylvestre, il est condamné à quinze jours de prison et cinquante francs d’amende pour outrages à agents lors de l’hommage à Gabriel Syveton. Le 11 janvier 1909, il est interpellé à la Sorbonne, durant la manifestation contre le doyen Croizet, jugé complice du professeur Amédée Thalamas. Ce jour-là, il frappe un étudiant thalamiste dénommé Pimienta au cours d’une bagarre générale. Cette altercation est sanctionnée d’une peine de six mois de prison assortie d’une amende de dix francs et de mille francs de dommages et intérêts, pour coups et blessures[7]. Le 14 janvier, il est remis en liberté provisoire en raison du décès de son père. Le 21 janvier, il est condamné à quinze jours de prison, cinquante francs d’amende et vingt-cinq francs de dommages et intérêts pour bris de clôture au restaurant coopératif du Sillon. Début mars, il fait appel des quatre jugements[8]. Le 26 mars, suite à sa procédure d’appel des quatre précédents jugements, Réal del Sarte est acquitté pour le bris de clôture mais les autres condamnations sont confirmées, bien qu’il bénéficie d’une confusion des peines[9]. Après sa libération, Réal del Sarte reprend la direction des Camelots du Roi qui se renforcent au fil des manifestations et des arrestations répétées. Le 25 août, il participe à une réunion à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) où interviennent Bernard de Vesins et Charles Arnal, président de la section de Toulouse. À la sortie, Réal del Sarte et les Camelots du Roi ont à se défendre contre la police et des apaches qui lancent une grêle de projectiles et tirent deux coups de feu[10]. Réal del Sarte reçoit une pierre à la figure mais n’est que légèrement blessé[11]. Le 8 octobre, il est incorporé au 156ème RI à Toul (Meurthe-et-Moselle) pour effectuer son service militaire[12]. En 1910, il est exclu de l’avancement militaire du fait de son militantisme royaliste. Le 20 février 1910, il est victime d’une tentative d’homicide en se rendant à bicyclette au fort de Villers-le-Sec depuis Toul, chargé d’une commission par un officier[13]. Alors qu’il traversait le bois de Chaudeney, il est touché à la cuisse par un coup de feu qui le fit tomber sur la route[14]. Réal del Sarte parvient à repérer deux agresseurs dissimulés. L’un d’entre eux tire un deuxième coup de feu à bout portant, que Réal del Sarte esquive de justesse. L’enquête de police ne permet pas d’identifier les tireurs de ce guet-apens. Début 1911, Réal del Sarte porte plainte contre son capitaine le suspectant de le surveiller. Le 5 février, à Aurillac, le colonel du 139ème RI lui inflige une peine de quinze jours de prison au motif de réclamation injustifiée[15]. De retour à Paris, il est accueilli avec enthousiasme à l’Institut d’AF le 15 octobre 1911[16]. En février 1913, lors de la fête du Rougevin des élèves architectes de l’école des Beaux-Arts de Paris, Réal del Sarte accompagné de son frère Serge, Maurice Pujo, Patrice O’Mahony et Jean Levet, rentrent dans l’école et mettent en pièces un char censé traverser le Quartier latin et faisant offense à Jeanne d’Arc[17]. En représailles, Réal del Sarte est assailli le 24 avril 1913, dans la cour des Beaux-Arts, par des élèves architectes qui l’amochent sévèrement et lui arrangent le visage à coups de talon et de canne. Bien décidés à ne pas laisser sans réponse cette agression, Henri Lagrange et Pierre de Pimodan, accompagnés d’une douzaine d’Étudiants d’AF, viennent escorter Maxime Réal del Sarte à distance, le 29 avril 1913[18]. Il s’en suit une rixe où les Étudiants d’AF mettent en déroute les étudiants adverses[19]. Lors de la Grande Guerre, Réal del Sarte est rappelé à l’activité au 166ème RI qu’il rejoint le 21 février 1915. Sur le front, il passe le grade d’aspirant au 366ème RI le 20 août. Le 29 janvier 1916, aux Éparges (Meuse), il est gravement blessé par une grenade à fusil qui lui coûte l’avant-bras gauche. Sa blessure lui vaut l’octroi de la médaille militaire et de la croix de guerre avec palme avec la citation suivante : « Excellent sous-officier qui a toujours fait son devoir avec la plus belle vaillance et qui a donné, en toutes circonstances, l’exemple de la plus grande bravoure. Très grièvement blessé le 29 janvier 1916, en prenant la place d’un guetteur. Amputé de la main gauche »[20]. Réformé, Maxime Réal del Sarte s’affaire à l’arrière à maintenir à flot l’organisation des Camelots du Roi, bouleversée par la Grande Guerre. En dépit de son infirmité, il reprend ses activités de sculpteur. Fin octobre 1917, lors du complot des panoplies, son domicile est perquisitionné par la police où quelques armes sont confisquées[21]. L’année suivante, il épouse Geneviève Géva Rénon dans le 7ème arrondissement de Paris, le 26 janvier 1918, dont il a deux fils et une fille. Après-guerre, il réaliste une flopée de monuments aux morts qui lui valent de nombreux éloges tant du côté royaliste, que du côté républicain. En 1921, il est gratifié du prix national des Beaux-Arts en 1921 pour son œuvre Le premier toit[22]. Le 12 juin 1929, il se retrouve veuf et décide l’année suivante de fonder l’association des Compagnons de Jeanne d’Arc, dédiée à la vénération de la pucelle d’Orléans ainsi qu’à la réhabilitation de l’AF, condamnée par le pape Pie XI le 20 décembre 1926. Le 6 février 1934, il participe à l’émeute antiparlementaire, place de la Concorde, à l’occasion de laquelle il est frappé et piétiné par le service d’ordre policier[23]. Il perd la direction des Camelots du Roi lorsque ceux-ci sont dissous, suite à l’agression de Léon Blum en marge des obsèques de l’académicien Jacques Bainville, le 13 février 1936. Deux ans plus tard, il effectue un voyage du 3 au 10 mai 1938, en compagnie de Charles Maurras, Pierre Héricourt et Georges Massot en territoire franquiste pendant la guerre civile espagnole. Le 30 décembre 1939, il est décoré chevalier de la Légion d’honneur par le maréchal Pétain[24]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugie en assez mauvaise santé à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques)[25]. Après-guerre, il intervient, avec Henry Bordeaux, auprès du président de la République Vincent Auriol, pour obtenir la grâce médicale de Charles Maurras, prisonnier à Clairvaux. Vincent Auriol accède à leur requête le 21 mars 1952[26]. Sculpteur de renom, Maxime Réal del Sarte laisse une œuvre profuse tant en France qu’à l’étranger en exportant ses sculptures de Jeanne d’Arc jusqu’en Argentine et au Canada. Il meurt le 15 février 1954 dans le 17ème arrondissement de Paris.


[1] Gil Blas, 22 août 1907.

[2] Le Petit Temps, 9 mai 1907.

[3] A. Callu, P. Gillet, chap. « Les hommes de terrain : Lucien Lacour, Marius Plateau et Maxime Réal del Sarte » dans op. cit., p. 179-227.

[4] Almanach de l’Action française, 1910, p. 54.

[5] L’Action française, 9 décembre 1908.

[6] Ibid., 30 décembre 1908.

[7] Le Figaro, 12 janvier 1909.

[8] La Gazette, 21 mars 1909.

[9] Le Figaro, 27 mars 1909.

[10] Almanach de l’Action française, 1910, p. 98.

[11] Le Petit Journal, 26 août 1909.

[12] Registre matricule de la classe 1908 du n°3501 au n°4000 du 6ème bureau de la Seine, Archives de Paris, D4R1 1498.

[13] Maurice Pujo, « L’affaire de Toul » dans l’Almanach de l’Action française, 1911, p. 92-96.

[14] Jean-François Chiappe, « Philippe VIII » dans La France et le roi, Paris, Perrin, Présence de l’histoire, 1994, p.606-628.

[15] Le Matin, 6 février 1911.

[16] Almanach de l’Action française, 1913, p. 89.

[17] La Gazette de France, 10 février 1913.

[18] Almanach de l’Action française, 1914, p. 52.

[19] Journal des débats politiques et littéraires, 30 avril 1913, p. 2.

[20] L’Action française, 21 janvier 1917.

[21] Almanach de l’Action française, 1918, p. 58.

[22] Le Petit Journal, 21 juin 1921.

[23] L’Action française, 8 février 1934.

[24] Archives nationales, base de données Léonore, dossier Légion d’honneur (c-105074).

[25] E. Weber, op. cit., p. 501.

[26] Christine Garnier, « Henry Bordeaux : la joie de vivre », Revue des Deux Mondes, 1er février 1970, p. 266-270.


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