VANGEON (Henri)


15 mars 1875 à Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne) – mort le 13 juin 1944 dans le 16ème arrondissement de Paris.

Henri vangeon
© Musée des Beaux-Arts de Gand

Né le 15 mars 1875, Henri Vangeon est le fils d’Alphonse Antoine Vangeon, pharmacien à Bray-sur-Seine et de Paméla Noémie Petit, sans profession[1]. Éduqué par ses parents aux auteurs latins, à Shakespeare et Racine, il compose sa première pièce de théâtre à l’âge de huit ans. Il étudie ensuite au collège de Sens puis à Paris mais son père lui demande de laisser de côté la littérature au profit d’une carrière de médecin[2]. Après la mort de son père en 1890, il entame ses études de médecine à Paris, sept ans plus tard, tout en participant aux débats littéraires au sein de la rédaction de L’Ermitage où il adopte son nom de plume « Henri Ghéon ». En avril 1897, il fait la connaissance d’André Gide avec lequel il partage les mêmes mœurs homosexuelles et une amitié sincère[3]. En 1899, il publie son roman La vieille dame des rues, puis en 1903 Le consolateur. En novembre 1901, il obtient son diplôme de médecin et ouvre son cabinet médical dans sa ville natale. En novembre 1908, il cofonde la Nouvelle Revue française et prend en charge l’édition de la partie poétique avec son ami Francis Vielé-Griffin. L’année suivante, il s’installe à Orsay (Essonne) avec sa mère pour se rapprocher de sa rédaction. Ajourné du service militaire en 1896, puis exempté en 1897 pour hypertrophie du cœur, Henri Vangeon n’était pas destiné à combattre. En dépit de sa malformation cardiaque, il s’engage volontairement le 1er octobre 1914 à la mairie du 17ème arrondissement de Paris et rejoint la 22ème section d’infirmiers militaires comme infirmier de 2ème classe. Il est rapidement promu médecin aide-major de 2ème classe en novembre, puis est affecté à l’hôpital militaire du Val de Grâce pour Noël 1914. Sur son instance, il insiste pour être envoyé au front et est incorporé au 10ème RA le 6 août 1916 puis au 29ème RA vingt-et-un jours plus tard. Dans l’enfer des tranchées, Henri Vangeon prend du recul sur sa vie antérieure et chemine vers un retour à la foi catholique[4]. Le 20 novembre 1916, il est promu médecin aide-major de 1ère classe puis est transféré au 235ème RA le 1er avril 1917. Au cours de cette année, il reçoit deux citations. Il est d’abord cité à l’ordre du 5ème corps d’armée le 25 avril 1917 : « Engagé volontaire à quarante ans pour la durée de la guerre. Au front depuis décembre 1914. Désigné pour une formation de l’arrière, a immédiatement demandé et obtenu de revenir au front où il n’a cessé de faire preuve de vaillance et de dévouement. En particulier du 6 au 14 avril 1917, n’a pas hésité à venir s’installer dans une batterie violemment bombardée, sans abri, pour être mieux à même de soigner les blessés ». La suivante, à l’ordre du 235ème RA, est tout aussi élogieuse : « Pendant les attaques d’août et de septembre 1917, sous Verdun, installé près des batteries dans un poste de secours placé sur le bord d’une route constamment battue par le harcèlement ennemi, a fait preuve du plus beau courage et du plus entier dévouement, en donnant ses soins, de jour et de nuit, indistinctement aux nombreux blessés appartenant à toutes les troupes du secteur »[5]. Enfin, la dernière citation reçue à l’ordre de la 165ème DI le 14 septembre 1918 l’honore en ces termes : « A continué à montrer, lors des attaques du 11 février et du 1à août 1918, beaucoup de sang-froid et de courage, installant son poste de secours à proximité des batteries parfois violemment bombardées, en particulier le 15 juin, devant Balloy ». L’Action française ne tarit pas d’éloge pour cet « ami de l’Action française »[6]. À l’issue de la Première Guerre mondiale, il est affecté à l’hôpital militaire du Grand Palais et promu médecin major de 2ème classe en janvier 1919. Détenteur de la croix de guerre avec étoile de vermeil, étoile d’argent et étoile de bronze, il est définitivement démobilisé le 7 février 1919[7]. Son exemplarité pendant la Grande Guerre est encore une fois salué le 4 décembre 1920 lorsqu’il est fait chevalier de la Légion d’honneur[8]. En 1925, il rompt avec la Nouvelle Revue française pour se dédier au prosélytisme religieux et entre dans la communauté du Tiers Ordre des dominicains[9]. Son œuvre est désormais principalement tournée vers l’étude de figures mystiques comme Sainte Thérèse de Lisieux, Sainte Jeanne d’Arc ou encore Bernadette Soubirous dont il tire plusieurs œuvres. Il compose également plusieurs féeries pour les enfants. En 1930, il cofonde la revue catholique Vigile avec François Mauriac. À partir de 1934, il quitte Orsay et déménage dans le 16ème arrondissement de Paris, entouré de ses nièces[10]. Resté célibataire, Henri Vangeon meurt d’un cancer du foie le 13 juin 1944 quelques jours après le débarquement en Normandie.


[1] Acte de naissance n°18 d’Henri Léon Vangeon du registre des naissances de l’année 1875 de Bray-sur-Seine, Archives départementales de Seine-et-Marne, 5MI7205.

[2] Francis Trépardoux, « Le docteur Vangeon, alias Henri Ghéon un écrivain briard cofondateur de la Nouvelle Revue française, en 1909 » dans Histoire des sciences médiales, vol. 50, n°2, 2016, p. 153-164.

[3] Jean-Christophe Corrado, « André Gide et le “franc camarade” », Sextant, n°40, 2023.

[4] Harold Bordwell, « Faith on the Front » dans Commonweal, vol. 142, n°7, 4 octobre 1915, p. 10–11.

[5] L’Action française, 30 mai 1919.

[6] Ibid., 29 août 1917.

[7] Registre matricule de la classe 1895 du n°501 au n°1002 de Fontainebleau, Archives départementales de la Seine-et-Marne, 1R1207.

[8] Archives nationales, base de données Léonore, dossier Légion d’honneur (c-341831).

[9] Jean-Pierre Cap, « Henri Ghéon » dans Columbia Dictionary of Modern European Literature, Columbia University Press, 1980, p. 303-304.

[10] Francis Trépardoux, « Le docteur Vangeon, alias Henri Ghéon un écrivain briard cofondateur de la Nouvelle Revue française, en 1909 » dans Histoire des sciences médicales, vol. 50, n°2, 2016, p. 153-164.


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