29 avril 1886 à Angers (Maine-et-Loire) – 16 avril 1981 dans le 16ème arrondissement de Paris.
Fils d’enseigne de vaisseau de réserve, le comte Renaud Bernard de la Frégeolière partage sa vie entre Paris et Chamonix (Haute-Savoie). Féru de bobsleigh, il effectue sa première descente à Leysin en Suisse en 1907 et entreprend une carrière sportive. Le 30 janvier 1910, il remporte la Coupe du Président de la République avec son bob fleurdelisé « Jeanne d’Arc » puis la coupe du Mont Blanc à Chamonix[1]. Ligueur d’AF, sa victoire fait la fierté du groupement royaliste[2]. En collaboration avec Louis Magnus, patineur artistique et fondateur de la fédération internationale de hockey sur glace, il coécrit Les Sports d’hiver (1911). La même année, il devient rédacteur pour la revue La Vie au grand air dont il fait la une le 3 février 1912. En parallèle, Renaud Bernard de la Frégeolière obtient son brevet de pilote-aviateur le 3 février 1911[3]. Au début de la Première Guerre mondiale, il s’engage volontairement dans l’aviation. Une panne de moteur en octobre 1914 l’oblige à descendre dans les lignes ennemies où il est fait prisonnier par les Allemands[4]. Il est rapidement interné au camp de Mersebourg en Saxe avant d’être échangé comme grand blessé le 20 juillet 1915[5]. Il tire de cette expérience un livre intitulé À tire d’ailes, carnet de vol d’un aviateur et souvenirs d’un prisonnier (1916), récompensé par le prix Montyon en 1917[6]. Une fois libéré, il est formé à voler sur de nouveaux appareils en décembre 1915 à Avord (Cher). Promu caporal le 21 mars 1916, il est affecté à l’escadrille n°395 du Camp Retranché de Paris (CRP) le 11 avril 1916 puis passe le grade de sergent deux mois plus tard. Il est salué d’une première citation à l’ordre de l’aéronautique le 2 janvier 1917 : « Pilote de premier ordre. Montre en toutes circonstances les plus belles qualités combatives. Recherche sans cesse les avions ennemis et les combat sans relâche »[7]. Il passe ensuite à l’escadrille SPAbi 63 le 1er juin 1917 où il est nommé adjudant le 4 juillet suivant. Devenu pilote à l’escadrille SPA 12, il est cité une deuxième fois, à l’ordre de la 1ère armée, le 30 août 1917 : « Fait prisonnier à la suite d’un atterrissage forcé en territoire ennemi, a réussi à rentrer en France et à reprendre sa place en escadrille. Continue à servir avec la même gaieté et la même ardeur. Le 17 août, à la suite d’un combat très dur livré dans les lignes ennemies, a réussi, grâce à son sang-froid et à son adresse, à regagner les lignes françaises, bien que les organes essentiels de son appareil aient été brisés ». Le 5 octobre 1917, il obtient une nouvelle citation à l’ordre du corps d’armée : « Pilote d’une audace toute juvénile quoique depuis peu dans une escadrille de chasse, a déjà livré de nombreux combats, souvent engagés de très près avec ses adversaires. A forcé ceux-ci plusieurs fois à atterrir désemparés. Est revenu lui-même deux fois avec son avion mis hors d’usage par le feu de l’ennemi. Le 30 septembre, a abattu un avion ennemi ». Son courage est salué à de nombreuses reprises dans L’Action française et il ne manque pas d’écrire à Maurras le 1er novembre 1917 : « Je dévore L’Action française en ce moment et vois le doigt de Dieu dans la splendide réclame qu’on est en train de vous faire »[8]. Le 27 février 1918, il est distingué d’une cinquième citation et reçoit la croix de guerre avec palme : « Sous-officier aviateur ayant une haute conception du devoir, d’une ardeur et d’une audace admirables. Volontaire pour les missions dangereuses et lointaines. A fait preuve, dans des circonstances difficiles, d’une bravoure, d’une endurance et d’une énergie au-dessus de tout éloge. Le 29 janvier, a abattu son deuxième avion ennemi »[9]. Il est blessé lors d’une patrouille au cours d’un combat aérien le 21 avril 1918 à Dreslincourt (Oise). Soigné à l’hôpital de Compiègne, il est élevé au grade de sous-lieutenant peu de temps après. Le 30 juin 1918, il est de nouveau cité à l’ordre de l’armée : « Le 21 avril, étant chef de patrouille, a attaqué un groupe de douze avions ennemis dans leurs lignes. Enrayé dès le début du combat, est resté en pleine mêlée pour l’exemple, jusqu’à ce qu’une balle lui ait broyé le poignet. Tombé en glissade, les commandes coupées, n’a dû la vie qu’à une énergie et un sang-froid extraordinaires. A fait l’admiration de tous par son mépris de la douleur et son moral élevé. Menacé de l’amputation de la main droite, ne songe qu’à trouver le moyen de reprendre au plus vite sa place de combat ». À la suite de ce combat, son escadrille est elle-même saluée à l’ordre du jour[10]. Le 9 octobre 1918, il est salué d’une citation similaire à la précédente avec remise de la médaille militaire pour fait de guerre. Il conclut la Première Guerre mondiale avec la croix de guerre dotée de deux palmes et surtout la Légion d’honneur reçue le 9 octobre 1918. Dans les années 1920, il est affecté au 5ème RAO et maintenu en activité en dépit de la perte de l’extrémité inférieure des deux os de l’avant-bras droit et d’une pseudarthrose très lâche du poignet. Il conserve tout de même sa main droite et reprend sa carrière sportive en remportant différents prix à Chamonix, Superbagnères, et à l’étranger, à Davos, Saint-Moritz et Montreux. Il est sacré champion de France de bobsleigh à la station Luchon-Superbagnères le 4 février 1923[11]. Le 23 novembre, il fonde la Fédération internationale de bobsleigh et de tobogganing qu’il préside jusqu’en 1960[12]. Il est également président de la Fédération française des sports d’hiver, membre de la commission technique du Comité olympique français en 1924[13]. Le 30 janvier 1924, son bobsleigh culbute dans un virage et le sportif se fracture le bras droit au-dessus du coude, le privant, à son grand désarroi, des Jeux olympiques d’hiver à Chamonix[14]. Après cette blessure, il devient juge de sa spécialité lors d’une cinquantaine de championnats du monde et une dizaine de Jeux olympiques. Sur le plan intime, il se marie le 23 juin 1920 dans le 16ème arrondissement de Paris avec Renée Combe Saint-Macary dont il a trois enfants[15]. Dans les années 1930, il est successivement affecté au centre de mobilisation d’aviation, puis à la base aérienne de Chartres et à la 1ère section de bataillon de l’air n°122. En 1933, il publie le carnet de vol d’un pilote de chasseur du Groupement de chasse II sous le titre Croisières aériennes[16]. Il est rappelé lors de la mobilisation générale en 1939 et envoyé sur la base aérienne de Nantes en septembre, puis à celle de Rennes en octobre[17]. Après son départ à la retraite en 1960, Renaud Bernard de la Frégeolière est nommé président d’honneur de la Fédération internationale de bobsleigh et de tobogganing, poste qu’il conserve jusqu’à son décès le 16 avril 1981 dans le 16ème arrondissement de Paris.
[1] Le Sport universel illustré, 3 janvier 1909, p. 111.
[2] L’Action française, 18 février 1910.
[3] L’Aérophile, 15 février 1911, p. 95.
[4] L’Action française, 17 novembre 1914.
[5] Renaud Bernard de la Frégeolière, À tire d’ailes, carnet de vol d’un aviateur et souvenirs d’un prisonnier, Paris, Plon, 1916, p. 139.
[6] « Renaud Bernard de la Frégeolière », Académie française [consulté le 5 août 2024]. Disponible sur : https://www.academie-francaise.fr/
[7] L’Action française, 22 février 1917.
[8] Ibid., 31 décembre 1917.
[9] Ibid., 14 mai 1918.
[10] Ibid., 5 octobre 1918.
[11] Excelsior, 5 février 1923, p. 6.
[12] Thierry Terret, Balades olympiques : les chemins politiques, Paris, L’Harmattan, 2020, p. 23.
[13] Le Miroir des sports, 10 janvier 1924, p. 28.
[14] Excelsior, 31 janvier 1924, p. 5.
[15] Acte de mariage n°1455 de Renaud Joseph Bernard de la Frégeolière et Renée Marie Elise Rose Combe du registre des mariages de l’année 1920 du 16ème arrondissement de Paris, Archives de Paris, 16 M 221.
[16] L’Aérophile, 1er septembre 1933, p. 280.
[17] Registre matricule de la classe 1906 du n°1 au n°500 du Mans, Archives départementales de la Sarthe, 1 R 1170.