14 mai 1879 à Gimont (Gers) – mort pour la France le 26 février 1916 dans le naufrage de la Provence II.
Pierre de Daran est le fils de Léon Victor Arthur de Daran, propriétaire, et de Marie Émilie Félicie Gabrielle Bessières, sans profession1. Après des études de lettres, il est appelé à son service militaire. Le 14 novembre 1900, il est incorporé au 88ème RI puis promu caporal et envoyé dans la disponibilité le 21 septembre 19012. L’année suivante, il est nommé sergent puis accomplit une période d’exercice dans le 88ème RI entre juillet et août 1903. Après l’obtention de son certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section, il est réformé n°2 par la commission spéciale de Bordeaux le 28 novembre 1904 pour perte d’un grand nombre de dents. Désirant servir Dieu, il devient missionnaire de la Compagnie de Jésus à Madagascar3. Lorsque la Première Guerre mondiale débute, il est encore basé sur cette colonie de l’océan Indien. Le 5 décembre 1914, il est classé dans le service auxiliaire par le conseil de révision de Madagascar puis classé dans le service armé en juin 1915 en étant rattaché au bataillon d’infanterie colonial de Tananarive le 4 juin 1915. Il est ensuite dirigé sur la France le 23 juin. Arrivé à bon port, il est affecté à la section coloniale d’infirmiers militaires et dirigé sur ce corps le 20 juillet 1915. Pierre de Daran participe aux combats en Argonne, Champagne, Roye et Albert. En octobre 1915, il est envoyé au 4ème RIC puis bascule au 53ème RIC. Le 23 février 1916, le Provence II emporte mille sept cents hommes du 3ème RIC, depuis Toulon en direction de Salonique. Trois jours plus tard, le bateau est torpillé au large du cap Matapan, par le sous-marin U 35. L’Action française rapporte les derniers instants de Pierre de Daran : « Les survivants de la catastrophe ont témoigné du sang-froid surhumain avec lequel, oublieux de son propre salut, il s’était employé à celui des hommes, se défaisant en faveur de l’un d’eux de sa ceinture de sauvetage, les réconfortant par son courage et son exemple. Au moment où le navire, soudain redressé, piquait dans les flots, on le vit une dernière fois, sur l’avant, tête nue, donnant l’absolution générale aux malheureux qui se pressaient autour de lui »4. Il est emporté dans les remous du naufrage, aux côtés du commandant du bateau, le capitaine de frégate, Henri Vesco5. La médaille militaire lui est conférée le 21 février 1922 avec la citation suivante : « Sous-officier énergique et brave. Mort glorieusement pour la France, le 26 février 1916, au milieu de ses hommes ». Il est également décoré de la croix de guerre avec étoile d’argent. Son ami Pierre Lhande lui rend hommage dans deux livres publiés en 19186 et 19317.
1 Acte de naissance n°18 de Marie François Joseph Auguste Pierre de Daran du registre des naissances de l’année 1879 de Gimont, Archives départementales du Gers, 5 E 17875.
2 Registre matricule de la classe 1899 du n°1001 au n°1500 de Mirande, Archives départementales du Gers, 1 R 549.
3 Livre d’or du clergé et des congrégations (1914-1922), Paris, Bonne Presse, tome 1, p. 540.
4 L’Action française, 7 mai 1916.
5 Georges Goyau, « L’Église de France pendant la guerre », Revue des Deux Mondes, 1916, tome 36, p. 498.
6 Pierre Lhande, Un brave cœur. Pierre de Daran d’Arcagnac, Paris, Droeurs de la Missions de Madagascar, 1931.
7 Pierre Lhande, Trois prêtres soldats : lieutenant abbé Charo, lieutenant de Daran s. j., Joseph Cascua s. j., Paris, Beauchesne, 1918.