4 novembre 1897 à Lambersart (Nord) – mort le 30 janvier 1972 à Sóller en Espagne.
Né le 4 novembre 1897 à Lambersart, Philippe Kah est le fils de Charles Kah, chef de comptabilité, et d’Émilie Marie Lucie Joséphine Delesalle, sans profession[1]. Avant-guerre, Philippe Kah est un ardent royaliste abonné au quotidien L’Action française au moins dès 1912[2]. Il occupe le poste de secrétaire des lycéens et collégiens d’AF de Lille et fonde le groupement éphémère la « Fleur de lys ». Au début de la Grande Guerre, il propose ses services comme correspondant des blessés pour le compte de l’AF au 23, Grand Place à Béthune (Pas-de-Calais) en 1915, puis délégué des étudiants de première année à l’école de droit de Paris, avant d’être lui-même envoyé sur le champ de bataille[3]. Le 7 janvier 1916, il est incorporé au 1er RI puis transféré au 144ème RI le 17 novembre suivant. Philippe Kah enchaîne les promotions : caporal au mois d’avril 1917, sergent septembre et aspirant le 4 octobre. Le 23 avril 1918, il est promu sous-lieutenant après les durs combats de Lagny-sur-Marne. Le 2 juin suivant, il reçoit une balle au bras droit et une citation à l’ordre du régiment. Il conclue la Première Guerre mondiale titulaire de la croix de guerre, de la croix du combattant, de la médaille de la victoire, de la médaille interalliée ainsi que du rang officier de l’ordre du Nichan Iftikhar. Le 25 janvier 1919, il bascule au 43ème RI. Après-guerre, il s’émancipe de l’AF et devient avocat au barreau de Lille en 1920. Il cumule son métier d’avocat avec celui de journaliste et de chroniqueur judiciaire pour les rédactions de L’Écho du Nord et Grand Echo du Nord[4]. Il collabore aussi avec le Progrès du Nord, la Revue des Flandres, Mercure universel, le Courrier du Pas-de-Calais, le Bulletin des Amis des Lille, la Revue des Causes célèbres et Vie judiciaire. Le 10 août 1922 à Lille, il épouse Marie Louise Vautrin, avocate au barreau de Lille[5]. Plaideur estimé, sa notoriété est augmentée au fil d’affaires criminelles qui défraient la chronique, notamment en défendant la criminelle Marie Lefebvre dans le « procès de la belle-mère meurtrière ». Au terme de cette affaire, il obtient la grâce présidentielle de Gaston Doumergue pour sa cliente en décembre 1926. Sa carrière d’avocat lui permet de déborder vers celle d’hommes de lettres en publiant préalablement sa plaidoirie L’Affaire Germaine de Rouen en 1929[6]. L’année suivante, il fait publier Aux Enfers du crime où il revient sur plusieurs affaires célèbres[7]. En 1931, la revue Les Amis de Lille édite un livre d’hommages groupés par Philippe Kah sous le titre Florilèges pour Albert Samain qui réunit une centaine d’auteurs. Le 15 juillet 1932, il est nommé secrétaire général du huitième congrès des écrivains de France à Lille[8]. Par la suite, il publie une biographie L’adolescent chargé de gloire, Léon Trulin récompensée par le Prix de l’Académie française en 1933[9]. La même année, il organise les « Journées de solidarité » en faveur des chômeurs à la Préfecture du Nord. En lien avec l’Union nationale des prisonniers et victimes civiles de la guerre, l’événement est un franc succès et récolte plus de six cent mille francs. Son engagement en faveur des anciens combattants le conduit à devenir président d’honneur de la Confédération nationale des victimes civiles de la guerre et membre d’honneur des Gueules cassées pour services rendus à cette association[10]. En 1935, il publie Les années terribles ou la guerre sans armes. Son œuvre littéraire est récompensée du grade de chevalier de la Légion d’honneur le 21 janvier 1936. À la fin de l’année, il obtient la grâce présidentielle pour son client René Beaumes, condamné à mort pour un triple homicide[11]. En remerciements de ses nombreuses conférences en Belgique, en Yougoslavie en 1937, et en Algérie, Tunisie, et Maroc avec l’Union nationale des officiers de réserve, il reçoit plusieurs distinctions étrangères parmi lesquelles l’Ordre de Léopold II en 1933 et la couronne Yougoslave en 1937. Dans les années trente, il est également secrétaire général de la Société des écrivains du Nord[12]. Lors de la Seconde Guerre mondiale, Philippe Kah est rappelé à l’activité le 3 septembre 1939 à Lille puis démobilisé le 31 juillet 1940 à Agen[13]. Pendant le conflit, ses compétences professionnelles lui permettent de venir membre du comité directeur de l’Association des avocats en 1939 puis trésorier adjoint de cette dernière à partir de 1946. Par ailleurs, il devient membre du Conseil de l’Ordre du barreau de Lille de 1938 à 1945 et secrétaire de ce dernier entre 1940 et 1945. Il est également vice-président de la Société des prisons et de législation criminelle à Paris. Après-guerre, il est nommé président d’honneur du syndicat d’initiative « Les Amis de Lille » auquel il contribuait déjà auparavant[14]. Le 25 juin 1948, il est élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur en reconnaissance des services rendus comme président d’honneur et avocat du Conseil des associations des prisonniers civils et victimes de guerre. Sa décoration lui est remise par François Mitterrand, ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre. La même année, il devient membre de la délégation du Nord du Comité de patronage de l’Association nationale France-Indochine. Le 10 décembre 1953, il désigne Charles Frémicourt, magistrat émérite, comme délégué pour la réception du grade de commandeur de la Légion d’honneur[15]. Son épouse Marie Louise Vautrin décède le 10 décembre 1960 dans le 7ème arrondissement de Paris. Il se marie en deuxième noces le 27 février 1963 dans le 7ème arrondissement de Paris avec Juliette Marie Antoinette Henniquau. À la fin de sa vie, il rend hommage à sa terre natale en publiant successivement Le Nord (1962) et Lille (1967). Philippe Kah meurt le 30 janvier 1972 à Sóller en Espagne. Son faire-part de décès témoigne de plusieurs autres engagements artistiques : président des Rosati de France, président de l’Association des provinces françaises de Lille et Paris, Président des « Amis de Carpeaux », président d’honneur de la Fédération des Sociétés musicales du Nord et du Pas-de-Calais, membre de la Société des gens de lettres et des écrivains anciens combattants mais encore membre du comité directeur de la Société des orateurs et conférenciers. Philippe Kah est inhumé au cimetière Saint-Jean à Valenciennes (Nord).
[1] Acte de naissance n°310 de Philippe Émile Charles Kah du registre des naissances de l’année 1897 de Lambersart, Archives départementales du Nord, 1 Mi EC 328 R 004.
[2] L’Action française, 25 décembre 1912.
[3] L’Action française, 29 juin 1918.
[4] Comoedia, 23 janvier 1936.
[5] Acte de mariage n°1437 de Philippe Émile Charles Kah et Marie Louise Vautrin du registre des mariages de l’année 1922 de Lille, Archives départementales du Nord, 3 E 15291.
[6] Philippe Kah, L’Affaire Germaine de Rouen plaidoirie, préf. Me Henri-Robert, Lille, Mercure de Flandre, 1929, 272 p.
[7] Philippe Kah, Aux Enfers du crime, préf. Marie Bonaparte, Lille, Mercure de Flandre, 1930, 308 p.
[8] Le Matin, 16 juillet 1932.
[9] « Philippe Kah », Académie française [consulté le 17 octobre 2024]. Disponible sur : https://www.academie-francaise.fr/
[10] Le Réveil du Nord, 27 avril 1943.
[11] Le Matin, 22 octobre 1936.
[12] L’Écho de Paris, 15 novembre 1937.
[13] Registre matricule de la classe 1917 du n°501 au n°1000 de Lille, Archives départementales du Nord, 1 R 3361.
[14] L’Auvergnat de Paris, 29 novembre 1947.
[15] Archives nationales, base de données Léonore, dossier Légion d’honneur (c-333677).