12 juillet 1873 à Briis-sous-Forges (Essonne) – mort pour la France le 25 septembre 1915 à Souain-Perthes-lès-Hurlus (Marne).
Fils du comte Odon de Montesquiou-Fezensac, officier, et de la princesse Marie Bibesco de la haute noblesse roumaine, Léon de Montesquiou est le descendant d’une illustre famille noble[1]. Élevé dans le château familial de Courtanvaux (Sarthe) jusqu’à ses dix ans, il est ensuite envoyé au collège Stanislas à Paris. Diplômé du baccalauréat, il entreprend des études de droit et de violon au conservatoire à Paris. Âgé de vingt ans en novembre 1894, il effectue son service militaire au 115ème RI qu’il conclue comme caporal en septembre 1895. Durant cette période, il assiste même, le 5 janvier 1895, à la dégradation du capitaine Dreyfus dans la cour de l’École militaire à Paris. En octobre 1897, il est promu sergent et passe dans la réserve le mois suivant. Le 5 juin 1899, il soutient sa thèse de doctorat sur le sujet Étude sur la suppression du duel puis s’inscrit au barreau sans jamais plaider. Le 20 juin suivant, il assiste la première conférence d’inauguration de l’AF à la salle des Agriculteurs dans le 9ème arrondissement de Paris. Dès le lendemain, il remet son adhésion à Henri Vaugeois[2]. L’année suivante, il adhère à la Ligue de la Patrie française tout en entretenant une correspondance soutenue avec Charles Maurras qui cherche à lui faire renier ses idées républicaines au profit du royalisme[3]. Certains de leurs échanges sont publiés dans l’Enquête sur la monarchie (1900) mais c’est en 1901 que Léon de Montesquiou se rallie à la monarchie. Il publie des articles profondément nationalistes pour la Revue d’Action française dont certains sont compilés dans ses livres Le Salut public (1901) ou encore La Raison d’État (1902). Au terme d’une période d’exercices militaires en août 1900, il passe sous-lieutenant de réserve[4]. En décembre 1902, il devient un membre à part entière du comité directeur de l’AF. En janvier 1905, il devient secrétaire général de la ligue d’AF jusqu’à sa mort. Orateur hors-pair marqué par la philosophie positiviste, il occupe la chaire « Auguste Comte » à l’Institut d’Action française en février 1906[5]. Scandalisé par l’annulation de la réhabilitation d’Alfred Dreyfus au détriment de l’armée, Léon de Montesquiou organise de virulentes campagnes antidreyfusardes par le biais de la ligue d’AF. En avril 1907, son militantisme lui vaut un avertissement officiel du ministère de la Guerre faisant état d’un rapport, sur son engagement politique, versé dans son dossier d’officier. En réplique, Léon de Montesquiou adresse une lettre ouverte dans Le Gaulois du 26 avril 1907, adressée à Clémenceau, président du Conseil, en projetant d’intensifier ses campagnes contre les dreyfusards. En conséquence, il est révoqué de son grade et de son emploi le 3 septembre 1907 et bascule dans l’armée territoriale comme soldat de 2ème classe le mois suivant. Loin d’être dissuadé par cette sanction disciplinaire, il poursuit sa campagne antidreyfusarde jusqu’à ce que la polémique se tasse. Le 27 novembre 1911, Léon de Montesquiou affronte en duel Georges Breittmayer à la suite d’un différend de presse. Les violents échanges se répètent jusqu’à la septième reprise, moment où les témoins mirent fin au combat d’un commun accord, après que chaque combattant ait blessé l’autre. Le comte de Montesquiou refusa de serrer la main tendue de son adversaire, irrité par les « circonstances particulièrement désagréables » de la rencontre[6]. À la veille de la guerre, il publie 1870. Les causes politiques du désastre comparant la monarchie autoritaire en Prusse avec « la démocratie couronnée » en France[7]. Le 1er août 1914, il est appelé sous les drapeaux et réintégré dans son grade de sous-lieutenant le 17 septembre grâce à une sollicitation de Maurras auprès du président de la République française, Raymond Poincaré. Promu lieutenant au 2ème REI, il combat dans l’est de la France puis en Champagne[8]. Dans les tranchées, il renoue avec la foi de son baptême et reçoit la confession et la Sainte Communion quelques jours avant de périr au combat. Sa mort fait l’objet d’une citation : « Tombé glorieusement le 25 septembre 1915 alors que sa compagnie venait d’enlever un centre de résistance ennemi et de capturer une section de mitrailleuses » [9]. Il reçoit la Légion d’honneur et la croix de guerre avec palme à titre posthume. Le 25 septembre 1916, une messe requiem à la Madeleine attire une assistance nombreuse[10]. Célibataire et sans postérité, sa mort « figure au champ d’honneur de l’AF, comme la dette payée par ses comités directeurs à la patrie, pour son salut » [11]. Charles Maurras réclame vengeance à de multiples reprises pour la peine causée par son décès[12]. Le soldat Paul de Casteras, prit soin de veiller sur sa tombe sur la route de Tahure (Marne)[13]. Ses restes sont exhumés le 26 novembre 1919 et transférés provisoirement dans le cimetière du bourg de Suippes (Marne). Sa dépouille est définitivement transférée le 4 octobre 1921 dans le caveau héréditaire de Bessé-sur-Braye (Sarthe)[14].
[1] Acte de naissance n°22 de Léon Odon Anatole Marie de Montesquiou-Fezensac du registre des naissances de l’année 1873 de Briis-sous-Forges, Archives départementales de l’Essonne, 4E/405.
[2] L’Action française, 9 octobre 1915.
[3] Ibid., 19 octobre 1915.
[4] Registre matricule du n°1 au n°500 en 1893 de Mamers, Archives départementales de la Sarthe, 1 R 1050.
[5] Jacques Prévotat, chap. « Affirmation et croissance de la ligue (1906-1914) » dans L’Action française, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2004, p. 20-29.
[6] Excelsior, 28 novembre 1911.
[7] C. Maurras, « Léon de Montesquiou » dans Tombeaux, op. cit., p. 120-128.
[8] Sébastien Laurent, chap. « Léon de Montesquiou (1873-1915) » dans Agnès Callu, Patricia Gillet, Lettres à Charles Maurras, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 35-44.
[9] Tableau d’honneur, morts pour la France : guerre de 1914-1918, Paris, Le Fare, 1921, p. 676.
[10] L’Action française, 26 septembre 1916.
[11] « Léon de Montesquiou » dans Almanach de l’Action française, 1917, p. 75.
[12] C. Maurras, « Montesquiou et Boisanger » dans Tombeaux, Ibid., p. 129-133.
[13] Almanach de l’Action française, 1918, p. 166.
[14] C. Maurras, « Sur le tombeau de Montesquiou » dans Tombeaux, Ibid., p. 333-336.