14 octobre 1876 dans le 7ème arrondissement de Paris – mort pour la France le 11 mai 1916 à Villemontoire (Aisne).

Fils du marquis d’Emmanuel de Tricornot de Rose, lieutenant-colonel de cavalerie, Charles de Tricornot de Rose est un militaire de carrière considéré comme le père de l’avion de chasse. Il intègre la promotion de « Tananarive » de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr le 31 octobre 1895. Promu sous-lieutenant, il est incorporé au 9ème RD en garnison à Lunéville le 1er octobre 1897[1]. Deux ans plus tard, il passe le grade de lieutenant. Le 13 mars 1906, il est chargé du service d’ordre lors des Inventaires d’Haussonville (Meurthe-et-Moselle) et de Domptail (Vosges). En tant que catholique, il ne peut pas s’y résoudre et désobéit aux ordres[2]. Ce refus lui vaut le conseil de guerre de Nancy dont il sort acquitté mais néanmoins réduit à trois ans de non-activité par décision ministérielle le 7 avril 1906. Il épouse Madeleine Tavernier le 12 novembre 1906 à Fontainebleau (Seine-et-Marne), dont il a deux filles et deux garçons. Cette alliance lui vaut d’être considéré comme un ami de l’AF du fait que sa femme est la fille du peintre de chasses Paul Tavernier, membre du groupe d’AF de Fontainebleau[3]. Le 25 mars 1909, il est réintégré dans les cadres de la cavalerie et affecté au 19ème RD de Carcassonne. L’année suivante, il entre dans le service aéronautique de l’armée dès sa création et est détaché à l’école d’aviation Blériot à Pau où il passe son brevet de pilote civil, le 12 décembre 1910. En 1911, il obtient le brevet n°1 et devient pilote militaire. Le 1er mai, il est rattaché à l’établissement militaire de Vincennes auprès du capitaine Bellenger. Là-bas, il ambitionne d’armer les avions en vue de futurs combats aériens, jusqu’ici limités aux missions de reconnaissance. Le 14 octobre, il est fait chevalier de la Légion d’honneur avec cette citation : « Chef d’escadron à titre temporaire, chef du service aéronautique d’une armée : rend chaque jour à l’aviation les plus brillants services. Commande un groupe d’escadrilles de bombardement et de chasse (14 escadrilles). Obtient les résultats les plus appréciés du commandement en faisant aux avions et aux drachen ennemis une chasse sans répit et en coopérant aux attaques par le bombardement efficace, au moment voulu, des batteries que notre artillerie ne peut combattre »[4]. Le 24 juin 1912, il est promu capitaine, l’année où l’aéronautique reçoit le statut « d’arme spéciale ». Le 4 août 1914, le capitaine de Rose rejoint le quartier général de la 5ème armée du général Charles Lanrezac à Rethel (Ardennes), en qualité d’adjoint au directeur de l’aviation. Il participe aux batailles des frontières, à celle de la Marne, dirige les escadrilles, effectue de multiples missions tout en prenant part aux développements de l’aviation. Le 22 novembre 1914, il est promu commandant à titre temporaire comme chef du service aéronautique de la 5ème armée. Le 27 février 1915, il décide de transformer une des escadrilles de reconnaissance, l’escadrille M.S. 12, en escadrille de combat[5]. Il supervise quatorze escadrilles de bombardement et de chasse et prend lui-même part à certains raids. Le 19 mars, il reçoit cette citation : « Commandant, chef du service aéronautique d’une armée : comme pilote a rendu des services inappréciables au début de la campagne par ses reconnaissances stratégiques et tactiques exécutées dans des circonstances particulièrement périlleuses. Sur le point d’être enlevé avec son avion par un parti de cavalerie allemande, a fait preuve d’un sang-froid et d’un courage exceptionnels qui lui ont permis d’échapper à l’ennemi. Comme chef du service aéronautique d’une armée, ne cesse de faire preuve des plus belles qualités d’intelligence et d’entrain »[6]. Le 13 juillet, il est élevé au rang d’officier de la Légion d’honneur et distingué de la croix de guerre. Le 23 mai 1916, il reçoit sa dernière citation : « Officier de la plus haute valeur, tant comme chef que comme pilote. Ayant reçu le commandement d’un groupe d’avions de combat, chargé de reprendre la maîtrise de l’air dans une situation difficile, a su rapidement, grâce à son entrain et à son allant, obtenir de ses escadrilles les plus brillants résultats. Partant lui-même en chasse à la tête de ses pilotes, a livré plusieurs combats aériens, notamment le 14 mars où, ayant attaqué à deux reprises à courte distance, un avion ennemi, il l’a mis en fuite complètement désemparé »[7]. Au commencement de la bataille de Verdun le 21 février 1916, les Allemands se rendent maîtres du ciel. Le 28 février, le général Pétain convoque le capitaine de Rose avec ce simple ordre : « Je suis aveugle, Rose, balayez-moi le ciel ! »[8]. En quelques semaines, les avions français reprennent le contrôle du ciel au-dessus de Verdun. Le 11 mai 1916, le capitaine de Rose se tue accidentellement lors d’une démonstration de vol aux commandes de son Nieuport devant le général Grosseti[9]. Il était également titulaire de l’ordre royal de Saint-Sava et de l’ordre de l’Aigle blanc de Serbie[10].
[1] Archives nationales, base de données Léonore, dossier Légion d’honneur (c-110074).
[2] L’Éclair, 17 mars 1906.
[3] L’Action française, 20 juin 1916.
[4] L’Aérophile, 1er août 1915, p. 183.
[5] Thérèse Krempp, « Le commandant de Rose », Revue historique des armées, n°245, 2006, p. 82-94.
[6] L’Aérophile, 1er avril 1915, p. 94.
[7] L’Aérophile, 1er juillet 1916, p. 212.
[8] « Rose, je suis aveugle, balayez-moi le ciel ! », Le Populaire du centre, 24 avril 2016 [consulté le 12 août 2024]. Disponible sur : https://www.academie-francaise.fr/
[9] Registre matricule de la classe 1894 du n°1 au n°500 du 2ème bureau de la Seine, Archives de Paris, D4R1 973.
[10] Tableau d’honneur, morts pour la France : guerre de 1914-1918, Paris, Le Fare, 1921, p. 826.