BAUDRY (Pierre)


26 avril 1897 à Sens (Yonne) – mort pour la France le 29 mai 1918 à Crécy-au-Mont (Aisne)

Pierre Baudry
© Paul Schaumann, Livre d’or des anciens élèves du lycée de Sens, Sens, Société générale d’imprimerie et d’édition, 1925, p. 81.

Né dans une famille catholique, Pierre Baudry est le fils de Marie Jules Léon Baudry, négociant, et de Marie Charlotte Croquet, sans profession1. Il fait sa scolarité à l’école Saint-Edme à Sens et conclue ses études à dix-sept ans, titulaire d’un baccalauréat en philosophie. Passionné par la poésie, l’art et la littérature, le jeune Pierre Baudry aspire à intégrer les Beaux-Arts. Catholique social et Camelot du Roi de Sens, il fonde avec trois amis Henri Cornier, François Huot et Marcel Berthelin, un patronage pour l’assistance des enfants du faubourg Saint-Maurice. En parallèle, il intègre la conférence de Saint-Vincent-de-Paul ainsi que la Société archéologique de Sens. En août 1914, il offre ses services comme brancardier et infirmier à l’hôpital de la Croix-Rouge dans sa ville. Désireux de partir au front, il s’engage volontairement le 25 juin 1915 au 7ème RD2. Il rejoint le front sur sa demande le 4 novembre 1915 où il prend part à de nombreux affrontements. En mars 1916, il fonde avec quelques-uns de ses camarades Le Gafouilleur, revue mensuelle humoristique, dont il est le dessinateur attitré et l’un des rédacteurs. Ce petit journal de tranchées égaye ainsi le quotidien des soldats qu’il côtoie3. Il compose même des pièces de théâtre et peint les décors lorsque le temps lui permet. Pendant toute la durée de la guerre, il fait de nombreuses aquarelles, croquis, dessins à la plume, qu’il expédie à sa famille et ses proches. Le 12 juin 1916, il passe au 12ème RC. Le 4 août, il est promu cuirassier de 1ère classe jusqu’à mériter sa première citation à l’ordre du régiment le 27 juillet 1917 : « Soldat d’élite, faisant toujours preuve de courage et d’entrain, servant de superbe exemple à ses camarades. S’est particulièrement distingué en occupant à découvert, sous un violent bombardement, un emplacement de grenadiers, au cours d’un coup de main ennemi, le 25 juillet 1917 »4. Pendant quelques temps, il est compagnon d’armes du fils de Jean Jaurès5. Son biographe, l’abbé Georges Grossier, rapporte « qu’il n’y avait pas de meilleurs camarades que le jeune Camelot du Roi et le fils du grand chef socialiste »6. Devenu brigadier le 19 avril 1918, il est tué d’une balle qui lui tranche l’artère carotide le 29 mai suivant, sur le plateau de Crécy-au-Mont. Son sacrifice fait l’objet d’une citation à l’ordre du régiment le 25 juin 1918 : « Brigadier mitrailleur au-dessus de tout éloge, aussi bien par ses vertus militaires que par ses vertus morales, a toujours servi d’exemple à ses camarades. A été mortellement frappé, le 29 mai 1918 ». Sa famille reçoit une lettre d’adieu où il témoigne de sa foi7. Pierre Baudry est retenu comme le plus jeune journaliste du front tombé au champ d’honneur. Son corps est retrouvé le 8 juin 1918 dans un centre sanitaire bavarois, entre la voie ferrée et la route de Crécy-au-Mont à Juvigny. Il y est inhumé provisoirement et définitivement à Sens le 26 avril 1920. Un mois plus tard, la médaille militaire lui est décernée et rejoint ainsi sa croix de guerre avec deux étoiles de bronze.


1 Acte de naissance n°98 de Pierre François Marie Léon Baudry du registre des naissances de l’année 1897 de Sens, Archives départementales de l’Yonne, 5 Mi 1336/1.

2 Registre matricule de la classe 1917 du n°1 au n°500 de Sens, Archives départementales de l’Yonne, 1 R 776.

3 Le Gafouilleur est fondé par le soldat André Stein en mars 1916. Pierre Baudry y collabore comme dessinateur et rédacteur. Le rédacteur en chef est Alvernhe. Le Gafouilleur, version mise en ligne le 15 octobre 2007 [consulté le 24 novembre 2024]. Disponible sur : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110123j/

4 L’Action française, 18 septembre 1917.

5 L’Action française, 18 septembre 1918.

6 Georges Grossier, Pierre Baudry : sa correspondance, ses poésies, Sens, impr. Levé, 1919, p. 5.

7 Paul Schaumann, Livre d’or des anciens élèves du lycée de Sens, Sens, Société générale d’imprimerie et d’édition, 1925, p. 81-82.


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