11 avril 1882 à Luzech (Lot) – mort pour la France le 3 octobre 1915 à Givenchy-en-Gohellel (Pas-de-Calais).
Pierre Lamouroux est le fils de Jean Guillaume Édouard Lamouroux, propriétaire puis directeur d’usine, et de Marie Louise Cavalié, sans profession[1]. À neuf ans, il étudie au lycée Janson-de-Sailly puis passe deux ans au lycée de Tulle, suivi de deux ans au lycée de Cahors et trois ans au lycée Buffon. En 1896, il abandonne les études classiques pour entrer à Colbert, puis à Chaptal car son père est préposé des lits militaires et change souvent de garnison. Il y passe les examens du brevet supérieur et un baccalauréat moderne. Vers 1901, il se plonge dans le mouvement syndicaliste révolutionnaire et s’imprègne de l’œuvre de Jean Jaurès, Gustave Hervé et Jean Grave. Dans sa correspondance avec son ami Albert Bessières, devenu jésuite et exilé, il fait volontiers l’apologie de la cité anarchique, de la solidarité maçonnique et de l’union libre. En 1904, il est nommé instituteur auxiliaire à Paris et fait son stage dans plusieurs écoles. L’année suivante 1905, il confronte ses idées pacifistes, anarchistes et antimilitaristes avec un officier instructeur durant son service militaire à Lisieux[2]. Leurs échanges lui font revoir son jugement en matière de discipline et d’obéissance passive. N’ayant pas la foi, il se marie civilement dans le 18ème arrondissement de Paris le 19 août 1909 avec Hélène Deciron, couturière, avec laquelle il a une fille[3]. À Puteaux, il fonde avec quelques amis, une revue éphémère L’Envol qui nourrit de riches débats avec son cercle de collégiens et camarades socialistes. Toutes ces personnes participent à sa transition intellectuelle et Pierre Lamouroux devient un fin lecteur des œuvres de Pascal, Bossuet et Corneille[4]. C’est aussi dans cette ville, dans une usine de blanchisserie dont son père est devenu le directeur, qu’il abandonne ses idées socialistes. Vers 1910, il commence à lire avec assiduité L’Action française. Sa conversion au catholicisme suit de près son évolution politique[5]. Elle est racontée avec moult détails par son ami l’abbé Albert Bessières[6]. En 1912, il passe avec succès les épreuves du professorat des écoles normales et entre à l’école Rollin comme instituteur délégué. Adjudant-chef au 43ème RIC, il meurt à la tête de sa section le 3 octobre 1915, avec l’Évangile ou L’Imitation de Jésus-Christ retrouvé dans sa poche[7].
[1] Acte de naissance n°15 de Pierre Charles Émile Alphonse Lamouroux du registre des naissances de l’année 1882 de Luzech, Archives départementales du Lot, 4 E 1746.
[2] « Pierre Lamouroux (1882-1915) », Fraternité Saint-Dominique [consulté le 4 février 2025]. Disponible sur : https://www.dominicainsavrille.fr/pierre-lamouroux-1882-1915/
[3] Acte de mariage n°2081 de Pierre Charles Émile Alphonse Lamouroux et Hélène Deciron du registre des mariages de l’année 1909 du 18ème arrondissement de Paris, Archives de Paris, 18M 393.
[4] L’Action française, 4 juin 1918, p. 4.
[5] L’Action française, 2 novembre 1919, p. 3.
[6] Albert Bessières, Âmes nouvelles, instituteurs-soldats, une promotion de l’espérance, 1917, Paris, Jean de Gigord, 1917, rééd. 1925.