4 décembre 1881 à Valence (Drôme) – mort pour la France le 9 juillet 1915 à Souchez (Pas-de-Calais).

Né le 4 décembre 1881 à Valence, Jean Bernard est le fils de Marc Bernard, sous-directeur de l’agence du Crédit lyonnais à Valence, et de Rambertine Dumaine, sans profession[1]. Il accole le prénom de son père au sien pour se distinguer d’un auteur parisien homonyme et prend donc « Jean-Marc Bernard » comme nom de plume. Jusqu’à l’âge de vingt ans, il vit essentiellement à l’étranger. D’abord à Bruxelles en suivant père banquier entre 1892 et 1899, puis une année à Margate en Angleterre et une année à Krefeld en Allemagne pour les études. Après la mort de son père en 1902, il rejoint sa mère dans la Drôme pour travailler comme employé au Crédit lyonnais. Il exerce ensuite comme commis-libraire entre Valence-sur-Rhône et Saint-Rambert-d’Albon où il réside[2]. Il travaille aussi comme journaliste dans de nombreux journaux nationaux (Revue critique des idées et des livres, Le Mercure de France, Le Divan, L’Ermitage) ou régionaux (Le Messager de Valence, Les Marches de l’Est, Le Courrier de Champagne)[3]. Fondateur de la section d’AF de Valence, il anime un cercle d’études dès 1907. De 1908 à 1911, il tient la rubrique « La vie littéraire » à L’Âme latine, une revue toulousaine dirigée par Armand Praviel. Disciple de Raoul Monier, il est membre de la revue Les Guêpes entre 1909 et 1912[4]. Spécialiste de la littérature du XVème siècle, passionné de François Villon et de Charles d’Orléans, il est l’auteur d’un recueil Pages politiques des poètes français (1912)[5]. Son œuvre majeure reste toutefois Sub tegmine fagi, amours, bergeries et jeux (1913), un livre en trois parties qui est une traduction. Sa vie se résume à des allers-retours entre sa ville natale et Paris où vivent certains de ses amis et collaborateurs. Durant ses dernières années, il porte son attention au mouvement félibréen et fait la connaissance de Frédéric Mistral en Provence, avec qui il partage le régionalisme. En effet, Bernard se revendique en « dauphinois », ancré dans sa région[6]. Bien que reconnu inapte au service militaire en raison de sa petite taille et de sa santé fragile, Jean-Marc Bernard se présente au recrutement le 4 août 1914. D’abord refusé, il est finalement rappelé trois mois plus tard et incorporé au 97ème RI le 8 novembre 1914. Il est déchiqueté par un éclat d’obus le 9 juillet 1915 devant Souchez[7]. Sa mort laisse de nombreux travaux inachevés dont une édition des œuvres de François Villon qui est publiée à titre posthume en 1918. Son dernier poème De profundis, écrit sur le front, a un certain retentissement après sa mort. Le poème est apposé sur le monument commémoratif du général Ernest Barbot à Souchez (Pas-de-Calais) et récité lors de cérémonies du souvenir. En août 1915, l’Académie française couronne l’ensemble de son œuvre à titre posthume, et en avril 1921, Charles Maurras vient présider la cérémonie de pose d’une plaque commémorative sur sa maison à Saint-Rambert d’Albon.
[1] Acte de naissance n°529 de Jean Bernard du registre des naissances de l’année 1891 de Valence, Archives départementales de la Drôme, 2 Mi 1005/R21.
[2] Fagus, « Jean-Marc Bernard » dans Revue critique des idées et des livres, 1er novembre 1919, p. 488-503.
[3] Raoul Monier, « Jean-Marc Bernard » dans Oeuvres de Jean-Marc Bernard, Paris, Le Divan, tome 1, 1923, p. 289-294.
[4] Caroline Pascal, « Une revue littéraire et politique : Les guêpes », L’empreinte [consulté le 5 juin 2024]. Disponible sur : https://www.lempreinte.valenceromansagglo.fr
[5] L’Action française, 16 mai 1915, 7 août 1915.
[6] C. Maurras, « Jean-Marc Bernard dauphinois » dans Tombeaux, op. cit., p. 76-79.
[7] Almanach de l’Action française, 1918, p. 173-174.