8 juillet 1886 dans le 5ème arrondissement de Paris – mort assassiné le 22 janvier 1923 dans le 8ème arrondissement de Paris.
Né le 8 juillet 1886 dans le 5ème arrondissement de Paris, Marius Plateau est le fils de Pierre Clovis Plateau, employé de commerce, et de Françoise Victorine Richard, couturière[1]. Appelé pour le service militaire, il s’engage pour trois ans le 9 octobre 1905 au 28ème RI d’où il ressort avec le grade de sergent[2]. Diplômé de l’Institut commercial de Paris le 30 septembre 1907, Marius Plateau est un simple employé d’assurances à Nanterre, quand il s’engage parmi les premiers Camelots du Roi[3]. Le 10 février 1909, il est arrêté dans les escaliers du siège de l’AF, rue de la Chaussée-d’Antin dans le 9ème arrondissement de Paris, pour avoir pris part à une manifestation contre le professeur Amédée Thalamas, insulteur de Jeanne d’Arc[4]. Deux jours plus tard, il est condamné à deux mois de prison et cinquante francs d’amende pour avoir porté un coup de canne à un agent de police lors son interpellation[5]. Lors de sa condamnation, il répond effrontément au juge : « Merci ! Cela me mettra au cœur un peu plus de haine pour votre République ». Pendant son incarcération, il est condamné de plus belle, le 3 mars 1909, à quinze francs d’amende et un jour de prison pour avoir crié « À bas Thalamas ! Vive le Roi »[6]. Début avril 1909, dans le préau du quartier politique de la prison de la Santé, le premier comité régulier des Camelots du Roi est constitué avant qu’il ne soit libéré le 12 avril[7]. Au mois de mai, il organise une des premières fêtes en l’honneur de Jeanne d’Arc malgré l’interdiction politique, avant qu’elles ne soient autorisées en 1920 avec la reconnaissance de la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme. Le 28 juin 1909, il siffle et s’élance à la poursuite de la voiture présidentielle d’Armand Fallières dans l’avenue du Bois[8]. Il est appréhendé pour avoir crié : « À bas la République ! Vive le Roi ! ». Fort de sa réputation et de ses capacités organisationnelles, il est nommé secrétaire général des Camelots du Roi le 7 octobre[9]. Le 13 novembre, il reçoit un pavé sur la tête lors d’une rixe avec des manifestants républicains, des apaches et des policiers pendant la tenue d’une conférence de l’AF, à la salle des Sociétés Savantes, dans le 6ème arrondissement de Paris[10]. Il se dispute le privilège de gifler le président du conseil Aristide Briand mais c’est finalement le Camelot du Roi Lucien Lacour, menuisier, qui est désigné pour effectuer le geste polémique le 20 novembre 1910. En 1911, il se dote d’un service de renseignements pour s’informer sur les fortunes royalistes à solliciter, élaborer des projets de coup de force et lister les groupes armés de militants disponibles en cas d’opportunité pour un coup de force[11]. Le 21 février 1911 à la Comédie-Française, il chahute la troisième représentation de la pièce de théâtre Après moi d’Henry Bernstein aux cris de « Déserteur ! À bas les Juifs ! ». Il est interpellé avec dix-huit autres manifestants[12]. Marius Plateau est de nouveau arrêté six jours plus tard lors de nouvelles protestations contre la pièce de théâtre[13]. Le 14 juillet suivant, Marius Plateau conduit une manifestation de Camelots du Roi au bois de Boulogne pour de nouveau huer Armand Fallières. Il est appréhendé avec soixante-deux autres Camelots du Roi, bien après la manifestation, avenue des Champs-Elysées, par des policiers en civil[14]. Condamné à deux mois de prison pour rébellion, violences et voies de fait envers un agent en bourgeois lors de son interpellation, il est libéré le 14 septembre 1911[15]. Le 22 octobre, il est emprisonné pour s’être bagarré avec des apaches au Vésinet (Yvelines) sur un point de vente disputé du journal L’Action française[16]. Il est remis en liberté le 1er novembre 1911[17]. Lors de la Première Guerre mondiale, il combat en première ligne sur le champ de bataille comme sergent de la 22ème compagnie du 355ème RI. Le livre d’or de son régiment restitue le fait d’armes suivant : « Le 20 septembre 1914, à Vaux-sous-Fontenoy, le 6ème bataillon du 355ème (commandant Mermet) déjà très éprouvé — il lui reste 4 officiers et 500 hommes — est appelé à venir à l’aide d’unités voisines. Il faut offrir une cible aux mitrailleuses allemandes pour détourner leurs feux et permettre ainsi au bataillon de franchir une zone battue pour tourner la position ennemie. À le tête de 40 hommes, qu’il enlève par son commandement énergique et entraînant, qu’il galvanise par l’exemple de son ardeur, le sergent Plateau quitte le fossé d’une lisière de bois et fait irruption sur un glacis. Sa chaîne de tirailleurs en plein champ, face à l’ennemi, attire l’acharnement du feu. Frappé d’une balle à la tête, l’héroïque sergent est laissé pour mort sur le terrain ; 30 de ses hommes sont tués ou blessés. Grâce au sacrifice de ces braves, le bataillon passe »[18]. Consécutivement à cette blessure qui lui provoque des vertiges et le prive de l’audition de l’oreille droite, il est soigné à l’ambulance de l’école Polytechnique, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève dans le 5ème arrondissement de Paris[19]. Sa bravoure fait l’objet d’une citation à l’ordre de l’armée, puis il est admis à la réforme en septembre 1915 et devient secrétaire général de la ligue d’AF. Le restant de la guerre, il s’acharne à sauvegarder l’organisation en dépit de l’envoi des Camelots du Roi et des ligueurs vers le front. Le 27 octobre 1917, il est inquiété lors du « complot des panoplies » suite à la fouille de son domicile et de la saisie de plans d’un hypothétique coup de force, datés de 1913[20]. Après la Grande Guerre, il entreprend la réorganisation des Camelots du Roi et des ligueurs[21]. Le 22 janvier 1923, désireuse de tuer Léon Daudet ou Charles Maurras, la jeune anarchiste Germaine Berton jette finalement son dévolu sur Marius Plateau. Désireuse de venger Jean Jaurès[22], Miguel Almereyda[23] et protester contre l’occupation française de la Ruhr, elle s’introduit dans son bureau sous un faux prétexte, au siège de la ligue d’AF, et l’abat de plusieurs balles de pistolet[24]. Marius Plateau expire dans les bras de son assistant Ernest Berger, victime lui aussi d’un assassinat en 1925. Le journal L’Action française titre le lendemain : « Une balle allemande a tué Marius Plateau »[25]. Les obsèques de ce militant charismatique sont une véritable démonstration de force où plusieurs milliers d’anciens combattants et ligueurs défilent de l’église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou jusqu’au cimetière de Vaugirard[26]. Le 22 janvier 1930, l’AF créé son regroupement d’anciens combattants dénommé l’Association Marius Plateau[27].
[1] Acte de naissance n°1682 de Pierre Marius Plateau du registre des naissances de l’année 1886 du 5ème arrondissement de Paris, Archives de Paris, V4E 5737.
[2] Registre matricule de la classe 1906 du n°2501 au n°2000 du 2ème bureau de la Seine, Archives de Paris, D4R1 1359.
[3] A.-C. Schmidt-Trimborn, op. cit., p. 120.
[4] L’Action française, 11 février 1909.
[5] La Dépêche, 13 février 1909.
[6] Le Soleil, 4 mars 1909.
[7] L’Action française, 12 avril 1909.
[8] La Gazette de France, 29 juin 1909.
[9] L’Action française, 8 octobre 1909.
[10] La Gazette de France, 14 novembre 1909.
[11] Eugen Weber, op. cit., p. 106.
[12] Excelsior, 22 février 1911.
[13] L’Action française, 28 février 1911.
[14] Ibid., 15 juillet 1911.
[15] Ibid., 15 septembre 1911.
[16] Ibid., 23 octobre 1911.
[17] Ibid., 2 novembre 1911.
[18] Historique du 355e régiment d’infanterie pendant la guerre 1914-1918, Paris, Imprimerie Berger-Levrault, 1920, p. 21.
[19] L’Action française, 15 octobre 1914.
[20] A.-C. Schmidt-Trimborn, op. cit., p. 255.
[21] Louis Gonnet, « Marius Plateau » dans Almanach de l’Action française, 1er janvier 1924, p. 158-161.
[22] Le 29 mars 1919, Raoul Villain, assassin nationaliste de Jean Jaurès, est acquitté le 29 mars 1919 sans aucun doute possible sur sa culpabilité.
[23] Suspecté d’intelligence avec l’ennemi, le militant socialiste et rédacteur au Bonnet rouge Miguel Almereyda est retrouvé mort dans sa cellule de prison de Fresnes le 14 août 1917.
[24] Fanny Bugnon, « Germaine Berton : une criminelle politique éclipsée », Nouvelles Questions Féministes, 2005, vol. 24, p. 68-85.
[25] L’Action française, 23 janvier 1923.
[26] Le Matin, 28 janvier 1923.
[27] A. Callu, P. Gillet, chap. « Les hommes de terrain : Lucien Lacour, Marius Plateau et Maxime Réal del Sarte » dans op. cit., p. 179-227.