9 août 1891 dans le 3ème arrondissement de Lyon (Rhône) – mort pour la France le 25 septembre 1915 à Jonchery-sur-Suippe (Marne).
Né le 9 août 1891 dans le 3ème arrondissement de Lyon, Charles Martel est le fils de Joanny Martel, employé, et de Fanchette Joséphine Chanteur, ménagère1. Son père fut un républicain condamné sous l’Empire. Employé de banque et trésorier de la Jeunesse royaliste, il s’est fait arrêter au sortir du local au cours d’une manifestation antirépublicaine2. Lorsque la Revue d’Action française se change en quotidien, il compte parmi les fondateurs du groupe lyonnais d’AF3. « Toujours le premier dans les manifestations et bagarres »4, il est arrêté au sortir du banquet de la Saint-Philippe à Lyon en 1909, puis sur une place du Puy (Haute-Loire), au cours d’une bagarre entre royalistes et apaches ; enfin en 1911, à Lyon, de nouveau pour la Saint-Philippe. Nommé secrétaire-trésorier des Camelots du Roi lyonnais le 2 avril 19105, il en devient le président au mois de décembre suivant6. Le soir du 20 juillet 1911, il est interpellé avec Ernest Berger, par un agent de police zélé, tandis qu’ils flânaient à un concert public près de la place Bellecour7. Consécutivement à cette interpellation, ils sont condamnés à onze francs d’amende le 6 octobre 19118. Au mois de mai 1912, lors des fêtes de Jeanne d’Arc au monument des enfants du Rhône, Gabriel Boucaud, démocrate chrétien et vice-président de la Fédération de l’union des sociétés catholiques de gymnastique et de tir de la région lyonnaise, insulte les Camelots du Roi en les traitant « d’apaches du roi ». Quelques jours après, Charles Martel, bien décidé à obtenir réparation, se rend au palais de justice où l’insulteur officie comme clerc d’avoué. Charles Martel demande à Gabriel Boucaud de retirer l’épithète d’apaches. Refusant de rétracter ses paroles, il reçoit une paire de gifles en plein milieu de la salle des Pas-Perdus9. En conséquence, Charles Martel est condamné le 18 juillet 1912 par le tribunal de Lyon à cinquante francs d’amende10. Le 22 septembre 1912, la section lyonnaise lui organise une fête spécialement pour son départ au régiment avec ses camarades conscrits11. Il est remplacé par Tonny Perrin à la tête des Camelots du Roi. Incorporé au 60ème RI le 9 octobre 1912, L’Action française rapporte qu’il réussit à faire de nouvelles recrues à la cause du nationalisme durant son service militaire. Promu soldat de 1ère classe le 16 novembre 1913, il fait toute la campagne d’Alsace jusqu’au 26 août 1914 avant d’être atteint d’une congestion pulmonnaire12. Il est alors soigné à l’hôpital des Essarts près de Lyon, où il reçoit les soins dévoués des dames d’AF13. Insuffisamment guéri, Charles Martel repart pour le front. Nommé caporal à la 11ème compagnie le 18 octobre 1914, il brave la mort à la bataille de Crouy. Dans une lettre du 14 janvier 1915, il revient sur cet épisode : « Comment je suis encore de ce monde, je n’en sais rien. Trois jours et trois nuits sous le feu violent de l’ennemi ; trois attaques et trois contre-attaques par jour. Le moment est grave, mais vive la France ! ». Le 16 janvier, il ajoute : « Je suis en vie, mais c’est un miracle. Nous marchons sur des cadavres de Boches… Il n’y a que des débris, les Boches ne nous auront pas ! ». Deux jours avant de mourir, il adresse une lettre à la rédaction de L’Action française : « À la hâte, je veux te dire quelques mots. Dans quelques heures, je n’aurai plus le temps. Ce jour tant désiré arrive ; demain sera le plus beau jour de ma vie. Depuis hier, nos canons crachent sans interruption ; cette nuit ils vont redoubler d’activité. Il fait bon être Action française en ces moments-là ; j’ai préparé mes hommes à cette épreuve. À présent à la grâce de Dieu ! Je te dis au revoir. Mes amitiés à tous les dévoués amis. Je t’embrasse ». En préparant ses hommes à l’attaque, il veille également à mettre sa conscience en règle avec Dieu. Le 25 septembre 1915, sa compagnie charge la première et il périt lors de l’assaut. Une citation posthume à l’ordre de la brigade consacre sa mémoire : « Caporal énergique. A été tué le 25 septembre 1915, en s’élançant à l’assaut d’un fortin ennemi, avec le plus grand courage, en entraînant avec lui tous ses hommes »14.
1 Acte de naissance n°1298 de Charles Martel du registre des naissances de l’année 1891 du 3ème arrondissement de Lyon, Archives municipales de Lyon, 2E987.
2 Le Coup de fouet, 27 octobre 1912, p. 157.
3 L’Action française, 10 octobre 1908.
4 Le Coup de fouet, 27 octobre 1912, p. 157.
5 L’Action française, 3 avril 1910.
6 L’Action française, 8 décembre 1910.
7 L’Action française, 26 juillet et 1er août 1911.
8 L’Action française, 9 octobre 1911.
9 L’Action française, 24 mai 1912.
10 L’Action française, 19 juillet 1912.
11 L’Action française, 5 septembre 1912.
12 Registre matricule de la classe 1911 du n°1501 au n°2000 de Lyon, Archives départementales du Rhône, 1 RP 1161.
13 L’Action française, 10 septembre 1914.
14 L’Action française, 6 novembre 1915.