28 mai 1885 à Saint-Genis-Laval (Rhône) – mort le 26 décembre 1914 à Aspach-le-Bas (Haut-Rhin).
Eugène Nicod est le fils de Louis Alexis Léon Nicod, secrétaire de la marie de Saint-Genis-Laval, et de Claudine Marie Sadot, sans profession1. Il est le frère du maître-verrier lyonnais Paul Nicod2. En mai 1903, le jeune Nicod se penche sur l’étude de la langue internationale, l’espéranto, et adhère au journal L’Espérantiste3. Après des études menées à bien aux Beaux-Arts de Lyon, il s’acquitte de son service militaire en s’engageant volontairement dans l’armée, pour trois ans, le 7 octobre 1905 au 99ème RI. En septembre 1906, il est envoyé dans la disponibilité avec le grade de caporal et conclue ses classes comme sergent en novembre 1907. Monté ensuite à Paris, il se convertit au catholicisme et adhère aux Catholiques des Beaux-Arts, à la Société de Saint-Jean ainsi qu’à la Fraternité laïque du Tiers-Ordre dominicain. Devenu illustrateur au journal Le Mois littéraire et pittoresque, il est remémoré comme « le type de ces jeunes artistes chrétiens entièrement revenus la foi catholique »4. Le 30 janvier 1911, le peintre George Desvallières inaugure un atelier d’art religieux au 6 rue Huyghens, dans le 14ème arrondissement de Paris. Eugène Nicod, compte parmi les élèves de ce premier atelier. Il fait rencontrer à son maître le père Marie-Albert Janvier, sympathisant de l’AF5, qui motive Desvallières à rejoindre lui aussi le Tiers-Ordre dominicain le 11 janvier 19146. En septembre 1912, Eugène Nicod est évoqué en ces termes dans Paris-Journal : « Il s’est déjà acquis un nom comme décorateur, et il est plein d’enthousiasme. Il est tout dévoué à l’Art Pur, ce qui le hantera et le torturera. […] Il a les yeux qui dévorent plus qu’ils ne regardent, et de fines moustaches blondes. En le voyant passer, de bon matin, sur le boulevard Saint-Michel, on le prendrait peut-être pour un noctambule désœuvré »7. Rappelé à l’activité au début de la Première Guerre mondiale, il est incorporé au 159ème RI le 3 août 1914. Eugène Nicod meurt prématurément à Aspach-le-Bas, le lendemain de Noël 1914. Il est décoré de la médaille militaire avec cette citation : « Sous-officier ayant donné les plus beaux exemples d’énergie, de sang-froid et de vertus guerrières. Tombé glorieusement à la tête de la patrouille qu’il dirigeait le 25 décembre 1914, aux abords d’Aspach-le-Bas »8. La croix de guerre avec étoile d’argent lui est conférée. Un prêtre infirmier de la Compagnie de Jésus, du nom de Ludovic Rigoulet, communique la localisation précise de sa tombe à l’entrée du cimetière d’Aspach-le-Haut, à ses confrères du Mois littéraire et pittoresque9. Son éloge funèbre dans L’Action française relève son attachement aux doctrines d’AF et rapporte qu’il aurait communié avant de mourir10.
1 Acte de naissance n°23 d’Eugène Clément Marie Nicod du registre des naissances de l’année 1885 de Saint-Genis-Laval, Archives départementales du Rhône, EDEPOT204/23.
2 Jacques Amaz, « Les étudiants de l’école des Beaux-Arts de Lyon engagés sur le front pendant la Première Guerre mondiale, le salut par l’art ? », Guerres mondiales et Conflits contemporains, n°183, 1996, p. 125–39.
3 L’Espérantiste, 31 mai 1903, p. 233.
4 Le Mois littéraire et pittoresque, 1er juillet 1914, p. 68.
5 André Laudouze, « Un théologien d’Action Française, le Père Janvier », Revue d’histoire de l’Église de France, tome 75, n°195, 1989. p. 343-357.
6 Catherine Bayser, Thomas Lequeu, chap. « George Desvallières et la genèse des Ateliers d’art sacré. Archives historiques et travail du catalogue raisonné » Les Ateliers d’art sacré (1919-1947). Rêves et réalités d’une ambition collective, Paris, Hermann, coll. Histara, 2023, p. 35-43.
7 Paris-Journal, 24 septembre 1912, p. 5.
8 Registre matricule de la classe 1905 du n°501 au n°1000 de Lyon Central, Archives départementales du Rhône, 1 RP 1087.
9 Le Mois littéraire et pittoresque, 1er novembre 1915, p. 130.
10 L’Action française, 21 janvier 1915.