30 août 1890 à Nantes (Loire-Atlantique) – mort le 24 juin 1949 dans le 16ème arrondissement de Paris.
Gabriel Durup de Baleine est le fils de Paul Jules Henri Durup de Baleine, employé aux chemins de fer, et de Jeanne Sophie Julie Tournié, sans profession[1]. Il fait partie des premiers Camelots du Roi parisiens. Le 27 février 1911, il est arrêté lors de la perturbation de la pièce de théâtre Après moi au Théâtre-Français[2]. Le 4 mars suivant, il est condamné par le tribunal correctionnel de la Seine à huit jours de prison et seize francs d’amende pour violences[3]. Le 28 mars, dissimulé derrière une porte latérale de la 9ème chambre correctionnelle, il assiste à la condamnation de Lucien Lacour. Gabriel Durup de Baleine surgit et s’en prend au président du tribunal Ausset en ces termes : « J’ai protesté contre la présence d’un franc-maçon, d’un huguenot, d’un infâme individu, d’un vendu à ce tribunal. À bas Ausset ! »[4]. Suite à cela, il écope de quinze mois de prison le 19 mai, pour outrages par paroles. Avec Lucien Lacour et Maxime Réal del Sarte, il est un des Camelots du Roi emprisonnés le plus longtemps. Le 23 avril 1912, les Camelots du roi Henri Bourgoin et Norbert Pinochet le font évader[5]. Ses complices téléphonent au directeur de la maison centrale de Clairvaux en se faisant passer pour Raymond Poincaré, président du Conseil, en lui suggérant d’ordonner sa libération conditionnelle. Le stratagème inspire quelques années plus tard la téléphoniste Charlotte Montard, chargée de libérer Léon Daudet. Le directeur de la prison se justifie en prétextant qu’Aristide Briand avait déjà signé l’ordre de mise en liberté conditionnelle mais la version officielle ne satisfait pas la presse parisienne[6]. Le 25 avril, Gabriel Durup de Baleine est porté en triomphe par les Camelots du Roi à la gare de l’Est et défile en taxi sur les boulevards. Deux jours plus tard, il effectue son service militaire au sein du 164ème RI. Au mois d’octobre 1912, il est promu caporal puis sergent en octobre 1913. Son exemplarité au début de la Première Guerre mondiale lui vaut la promotion de sous-lieutenant le 6 novembre 1914[7]. Le 18 décembre, il est transféré au 159ème RI. Devant Berthonval (Pas-de-Calais), une balle allemande lui traverse la paume de la main gauche en lui abîmant un doigt le 14 mars 1915. Il est soigné à Paris, à l’ambulance de l’hôtel Ritz, puis retourne au front sur sa demande[8]. Le 28 juillet suivant, il est cité à l’ordre du corps d’armée : « À la tête de sa section et d’une équipe de grenadiers par une attaque impérieuse vivement menée, a contribué puissamment à la prise d’une ligne de tranchées ennemies »[9]. Le 11 août, il est décoré de la croix de guerre puis de nouveau blessé le 26 septembre 1915 à la côte 119, d’un éclat de grenade dans le dos. En raison de sa bravoure devant Souchez (Pas-de-Calais), il est proposé pour la Légion d’honneur. Sa blessure le force à être soigné dans l’hôpital auxiliaire n°9 de la Maladrerie à Caen[10]. Le 23 novembre 1915, il est fait chevalier de la Légion d’honneur et honoré de cette citation : « Officier d’une bravoure et d’un sang-froid admirables. Le 25 septembre 1915, accompagné d’un sous-officier, a fait dans un village occupé par l’ennemi, une reconnaissance qui a fourni les renseignements les plus précieux. Le lendemain, accompagné de quelques hommes, a profité judicieusement d’une préparation immédiate d’attaque pour s’emparer de deux lignes de tranchées allemandes momentanément évacuées, a continué son audacieuse progression en traversant un village et en s’installant à la lisière opposée facilitant ainsi considérablement l’attaque de son bataillon ». Gabriel Durup de Baleine est blessé pour la troisième fois, le 27 janvier 1916, par l’éclatement d’une grenade. Le 25 octobre, il est récompensé d’une nouvelle citation : « Officier d’un courage à toute épreuve, déjà fait chevalier de la Légion d’honneur pour sa bravoure. La veille de l’attaque, a réussi à pénétrer dans la tranchée ennemie, rapportant à ses chefs de précieux renseignements. Le 4 septembre 1916, s’est lancé à la tête d’un détachement spécial de grenadiers et mitrailleurs et est tombé au cours d’une lutte acharnée, livrée sur la première position ennemie dont il s’était emparé »[11]. Le 4 septembre 1916, à court de munitions, il est fait prisonnier de guerre avec le reste de ses hommes jusqu’au 10 janvier 1919. Libéré, il épouse le 30 juin 1919, Madeleine Joséphine Amélie Michel dans le 7ème arrondissement de Paris, dont il a sept enfants[12]. En 1921, il fait part de la naissance de son fils Philippe dans L’Action française[13]. Il s’agit de son dernier lien manifeste avec l’AF. Les autres naissances du couple sont annoncées dans Le Figaro. En septembre 1923, il démissionne de l’armée active et se retrouve affecté au 106ème RI comme lieutenant de réserve. Le 5 décembre 1923, sa société de fabrication de papiers peints est déclarée en faillite par le tribunal de commerce de la Seine[14]. Par conséquent, la Légion d’honneur lui est retirée. En juin 1927, lorsque Léon Daudet s’évade de la prison de la Santé, Alain Mellet, ancien détenu à la Santé, se remémore l’évasion de Gabriel Durup de Baleine dans Le Nouvelliste de Bretagne[15]. Le 27 juin 1932, il est rayé des cadres de l’armée et reprend une activité de directeur commercial. Lors de la Seconde Guerre mondiale, sa société se replie à Saumur en juin 1940. Gabriel Durup de Baleine se suicide le 24 juin 1949 dans le 16ème arrondissement de Paris[16].
[1] Acte de naissance n°305 de Gabriel Ferdinand Pierre Durup de Baleine du registre des naissances de l’année 1890 du 2ème canton de Nantes, Archives municipales de Nantes, 1 E 1781.
[2] L’Action française, 28 février 1911.
[3] L’Action française, 5 mars 1911.
[4] Excelsior, 29 mars 1911.
[5] Le Journal, 24 avril 1912.
[6] L’Éclair, 24 avril 1912.
[7] L’Action française, 13 décembre 1914.
[8] L’Action française, 20 mars 1915.
[9] L’Action française, 26 août 1915.
[10] L’Action française, 5 octobre 1915.
[11] L’Action française, 28 novembre 1916.
[12] Acte de mariage n°696 de Gabriel Ferdinand Pierre Durup de Baleine et Madeleine Joséphine Amélie Michel du registre des mariages de l’année 1919 du 7ème arrondissement de Paris, Archives de Paris, 7 M 208.
[13] L’Action française, 12 octobre 1921, p. 2.
[14] L’Homme libre, 5 décembre 1923, p. 4.
[15] Le Nouvelliste de Bretagne, 29 juin 1927.
[16] Acte de décès n°1635 de Gabriel Ferdinand Pierre Durup de Baleine du registre des décès de l’année 1949 du 16ème arrondissement de Paris, Archives de Paris, 16D 182.